kandai_suika: (jean)
[personal profile] kandai_suika


Titre
: Turn back the pendulum
Auteur :[personal profile] kandai_suika
Fandom : Merlin (BBC)
Personnages/Couple : Uther(/Nimueh/Ygraine), Arthur/Merlin
Genre : angst
Rating : PG-13
Disclaimer : BBC
 
Note : Originellement posté de janvier à juin 2011. Non relu.
Continuité : Saison 1, léger spoilers de la saison 2.

Il est encore
Trop tôt
Pour croire.

La vie d’Uther Pendragon aurait pu s’arrêter là, à l’instant où il remit son destin entre les mains de Nimueh. Mais cela aurait été croire que la mort du souverain dépendait de la sorcière seule et que le choix de Merlin de laisser Uther manier Excalibur n’aurait rien pu faire pour empêcher Uther de mourir de la main vengeresse de Nimueh.

Mais le Roi de Camelot ne devait rien savoir des choix autres que les siens qui lui permirent de vivre ce jour là.

Le combat contre Tristan ne fut pas donc la fin – pas la sienne, en tous cas. Grâce à l’épée – qui était réellement magique, pas étonnant que Merlin ait eu de la réticence à la lui donner – il parvint à défaire le fantôme et la vie reprit son cours. Si ce n’était qu’il ne savait toujours pas quoi faire de ce Merlin, dont il était certain des pouvoirs désormais et qui pourtant restait l’ombre de son fils, le protégeant et le guidant discrètement. Cette humilité n’était sans doute pas feinte mais elle avait beaucoup plus d’impact qu’Uther ne l’avait imaginé. S’il ne fut pas étonné qu’Arthur s’enfuit pour accompagner le jeune homme – lequel était parti pour régler quelques problèmes avec une troupe de pillards qui sévissaient dans son village, le fait que Morgana soit également de l’expédition le bouleversa. Morgana était une femme qui ne connaissait pas la demi-mesure, surtout quand ses sentiments entraient en ligne de compte. Et Uther se refusait à voir sa fille si chère comme un clone de lui-même. Il refusait de voir la même histoire se répéter sous ses yeux. D’autant plus que si Morgana était lui-même, Arthur ne pouvait qu’avoir la place d’Ygraine… et finirait par mourir.

Inenvisageable. Uther songeait sérieusement à tuer ce maudit sorcier dès le retour du groupe – il n’avait que trop traîné, d’ailleurs. S’il en avait éprouvé un infime soupçon de culpabilité – car il fallait bien admettre que c’était moins le jeune magicien aux mains douces que Nimueh et la magie en elle-même qu’il essayait d’atteindre – il s’en était allé bien vite. La culpabilité ne seyait pas au maître de Camelot.

Néanmoins, quand son fils, sa fille et leurs serviteurs respectifs furent de retour, quelque chose fit hésiter le Roi, une ombre infime mais bien présente dans les yeux du magicien qui l’empêcha de mettre son plan directement à exécution. Sans compter que ce voyage semblait avoir rapproché encore plus ce dernier de son fils, ce qu’Uther n’avait pas cru possible et qui le troublait davantage. Il était réellement difficile d’ignorer l’intensité de leurs regards partagés et une question grandissait chaque jour davantage dans l’esprit du Roi : que ferait Arthur si Merlin venait à disparaître – pire encore, si ce dernier périssait sur ordre de son propre père ? L’idée de perdre à tout jamais l’affection d’Arthur était une perspective effroyable.

Et comme cela était logique, Uther envisagea la réciproque. Et si perdre Arthur était une pensée intolérable, cette nouvelle façon d’appréhender la relation entre son fils et son valet glaçait complètement le Roi de terreur. Que ferait Merlin, magicien et compagnon dévoué, si Arthur venait à mourir ? La réaction de Nimueh avait été violente mais Merlin – sans qu’Uther sache d’où lui venait cette certitude – était un sorcier bien plus dangereux que Nimueh. Ce n’était plus de la rage ou de la curiosité qu’il ressentait à l’égard du jeune homme aux mains légères, désormais. C’était de la crainte – et rien que pour cela, pour le faire se sentir aussi faible, Uther détestait encore plus ce magicien.

L’aîné des Pendragon pesa le pour et le contre. Décida que le manque d’agressivité du garçon jouerait en sa faveur – oui, il était de bonne humeur, ce jour là – et donc de laisser ce sorcier là vivre encore un peu et l’incident de la licorne qui arriva par après ne lui fit pas regretter sa décision. Même s’il n’avait pas connaissance de tous les faits, il ne pouvait pas nier que Merlin devait avoir joué un rôle dans cette histoire et qu’il fallait envisager le fait que, sans lui, Camelot se serait effondré. Pour la première fois, Uther envisagea que le dévouement du jeune sorcier puisse ne pas simplement se limiter à Arthur et rien que cela le troubla encore plus. Nimueh n’avait jamais été fidèle à personne d’autre qu’elle-même – mais Nimueh n’étais pas Merlin, c’était un parallèle devenu beaucoup trop facile à faire, même pour Uther Pendragon.

Alors si Merlin n’était pas Nimueh… peut-être qu’Arthur n’était pas Ygraine, au final ? Peut-être y avait-il une chance pour qu’Arthur n’ait pas à mourir ? Que cette crainte de voir l’histoire – son histoire – se répéter s’avérait n’être que le fruit de sa peur ? L’espoir commença à percer, timidement.

Jusqu’à ce qu’Arthur fût blessé par une Bête – il ne savait plus quel nom on lui donnait et à vrai dire, il s’en fichait – et condamné à une mort certaine.

Uther Pendragon n’avait jamais autant haï quelqu’un. Il haïssait le jeune sorcier qui avait apporté cette malédiction et il se haïssait lui-même de ne pas s’en être débarrassé bien avant. Mais il était trop tard, désormais, et même le plaisir qu’il éprouverait à tuer ce traître de ses propres mains ne remplacerait pas la douleur de la perte d’Arthur. Alors, parce qu’il était trop tard pour sauver Ygraine et Arthur et parce que Nimueh et Merlin paieraient de la même façon, Uther décida de laisser tomber le masque du Roi et de ne plus être qu’un père en deuil. Il s’assit près de son fils et lui tint la main, regardant son visage devenir plus pâle et sa respiration ralentir de minutes en minutes. Il espérait juste qu’Arthur ne souffre pas. Il serait à ses côtés jusqu’à son dernier souffle. Ensuite, seulement, il s’occuperait du sorcier – qui pour l’instant, avait disparu.

Merlin réapparut un peu plus tard quand Gaius vint, un ultime espoir à la main. Le Roi, guère convaincu mais trop désespéré pour empêcher quoique ce soit, laissa le médecin administrer le remède à son fils et jeta un regard au magicien silencieux. Il ne fut pas surpris de voir des cernes et des traces de larmes mais la détermination dans ces yeux bleus fixés sur les lèvres pâles d’Arthur, fit renaître un fragile espoir dans le cœur du Roi. Le gamin était un sorcier. La Bête qui avait blessé son fils était magique. Si Merlin avait pu trouver, via la magie, un moyen de sauver son fils… Non. Il ne devait pas s’emballer. Il ne devait pas espérer. Le temps lui dirait assez rapidement quoi faire de ce maudit magicien. En attendant, il resterait auprès de son fils, attendant la mort et priant le salut.

Aussi quand Arthur se releva soudain, il ne put rien faire d’autre que serrer son fils contre son cœur et remercier en silence le jeune homme qui le lui avait rendu – et à cet instant, peu importait qu’il soit magicien, peu importait qu’il soit l’amant de son fils, peu importait qu’il ressemble à Nimueh ou non… Il était juste reconnaissant envers ce garçon aux mains douces, aux yeux tristes et sa magie – la magie.

« Merci. Merci de ne pas me l’avoir enlevé. »

Et parce qu’il avait laissé Arthur vivre, Uther ferait de même pour Merlin.


Arthur avait vite retrouvé ses forces et donnait en ce moment à ses chevaliers un entraînement drastique pour rattraper le temps qu’il avait perdu durant sa maladie. La joie de savoir le Prince vivant et en bonne santé était presque palpable et tout le monde arborait un sourire soulagé et un cœur léger.

Mais le cœur du Roi était tout sauf léger alors qu’il fixait le valet de chambre de son fils, qui se tenait immobile devant lui, de façon gauche. C’était la première fois depuis l’épisode du Chevalier fantôme qu’ils se trouvaient seuls ainsi et les récents évènements étaient encore frais dans leur mémoire – mais il fallait qu’ils aient cette conversation, pendant que le Roi avait la force de la tenir. Uther fut le premier à rompre le silence tendu qui s’était installé entre eux, les yeux fixant le mur par-dessus l’épaule du magicien.

— Je… suppose que je te dois des remerciements.

Les yeux incroyablement bleus du sorcier s’agrandirent et un demi-sourire teinté d’amertume prit place sur les lèvres fines. Quelques secondes passèrent avant qu’il ne pousse un léger soupir et prenne la parole, d’un ton résolument ferme – le même ton employé dans l’armurerie.

— Vous ne me devez rien et encore moins des remerciements. Ce que j’ai fait n’était pas pour vous mais pour Arthur. Qu’il soit en bonne santé et que Camelot tienne, c’est tout ce qui m’importe – et rien d’autre. Vous comptez me faire exécuter ?

— Peut-être, répondit le Roi, acéré. J’ignore quoi penser à ton sujet mais sois sûr que si tu n’avais pas prouvé de nombreuses fois ta loyauté envers mon fils, tu serais déjà mort.

Contre toute attente, Merlin éclata de rire. Un rire moqueur, froid, presque cruel et qui n’était pas celui du magicien aux mains douces mais celui d’un sorcier puissant et conscient de l’être. Uther ne put réprimer un léger frisson de crainte anticipée – par les dieux, comment ce garçon maladroit, aux oreilles trop grandes et au sourire facile pouvait-il être aussi effrayant ? – qui ne passa pas inaperçu. Le sorcier se radoucit et offrit un sourire un peu triste au souverain de Camelot désorienté.

— Vous ignorez à qui vous parlez, Uther Pendragon. Vous ignorez la puissance que votre soif de vengeance a liguée contre vous – mais il est trop tard pour vous sauver. Arthur est promis à de grandes choses et aussi longtemps qu’il aura besoin de moi, je vivrai. Quoi que vous en pensiez et quelque soit votre titre, vous êtes impuissant contre nous.

— Tu l’aimes, constata le Roi, partagé entre résignation, dépit et colère.

— Comme vous avez aimé Nimueh, répondit doucement Merlin et soudain une vague de haine pure passa sur son visage, suivie d’un chagrin profond. Il était triste pour eux, triste pour lui, et sa compassion était bien la dernière chose à laquelle le Roi s’attendait.

— Je l’aime encore, répondit faiblement Uther, soudain peu soucieux de sauver les apparences – à quoi bon, après tout, puisque ce maudit sorcier savait déjà et comment il l’avait su n’avait plus aucune importance désormais.

— Non. C’est son souvenir que vous aimez. La femme que j’ai combattue était animée par la vengeance et la cruauté, son âme était plus noire que les ténèbres qui obscurcissent la nuit. Elle n’était pas la Nimueh que vous connaissiez. Elle n’était pas comme ça. Mais ça n’a plus d’importance, désormais.

— Comment ça ? – Sa voix tremblait légèrement. Uther se rendit compte qu’il avait peur de la réponse.

— Elle est morte.

Le Roi cligna des yeux. Plusieurs fois. Il s’attendait à avoir mal mais rien ne vint. Il se sentait… vide. Comme si la dernière chose qui le rattachait en ce monde venait de partir. Comme s’il était déjà mort. Nimueh, la sorcière éblouissante, une femme qu’il avait aimée autant qu’Ygraine, était morte. Il secoua légèrement la tête et entendit de nouveau la voix douce et compatissante du jeune homme – un sorcier qui tué lui-même une sorcière, un membre de son espèce – s’élever.

— J’ai dû la tuer. C’était elle ou moi et je n’ai pas eu d’autre choix. Je ne pouvais pas laisser la mort me vaincre. Pas avant d’avoir… enfin, pas maintenant.

— Je… comprends.

— J’en doute, s’énerva soudain le magicien et il semblait plus grand et menaçant que d’habitude. Et même si c’était vrai, je ne veux pas que vous compreniez. Je ne veux rien avoir à faire avec vous, je ne veux rien de votre part, de la part de l’homme qui a tant blessé ma famille ! – Seigneur, songera le souverain plus tard, que ces mots étaient puissants venant de cette bouche !

— Si tu me détestes tant, pourquoi me laisses-tu vivre ? souffla Uther, encore sous le choc de la mort de Nimueh – à un point tel qu’il aurait presque été reconnaissant si le magicien le tuait là, tout de suite. Aussi fut-il presque surpris de voir ses yeux s’agrandir sous le choc et de voir l’horreur exploser sur son visage.

— Non, souffla le jeune sorcier, plein d’une rancœur inavouée. Quoi que vous pensiez de moi, de la magie ou des gens qui la pratiquent… je ne suis pas à ce point avide de vengeance. Je ne suis pas ce mal que vous voyez partout en la magie. Je ne suis pas… un assassin. Si je vous tuais, ça me rendrait encore pire que vous. Ca entacherait à jamais la magie et cela, je le refuse. Je refuse d’être la vengeance. Je refuse de priver Arthur de son père… parce qu’il a besoin de vous et que je ne serais pas digne de rester à ses côtés si jamais je devais avoir votre sang sur les mains.

Uther resta sans voix, apathique pendant un long moment. Puis, il se leva lentement de son trône et avança calmement vers le serviteur qui gardait les yeux fixés sur lui et, toujours avec des gestes d’une douceur dont il ne se savait plus capable, il effleura du bout de ses doigts gantés la commissure des lèvres fines.

— Tu es différent des autres, énonça le Roi simplement.

— Je sais.

— Et tu lui ressembles.

— Nimueh est morte, sire.

— Mais pas toi, répliqua le Roi, continuant son étrange caresse sur la joue blanche du magicien. Lequel sourit, prit la main du souverain dans la sienne et répondit, très doucement.

— Non. Pas moi. Et Arthur non plus. Nous ne sommes pas Nimueh et Ygraine. Ce que vous voyez en nous n’existe plus, Uther. Il serait temps que vous fermiez la porte sur ces souvenirs douloureux. Que vous cessiez de croire que nous allons rejouer le drame que vous avez vécu. Arthur est votre fils, votre digne héritier dont vous pouvez être fier. Et moi je suis Merlin, le magicien qui le protège dans les ombres. Je ne peux être ni plus ni moins.

— Nimueh…

— Elle est morte depuis longtemps, Majesté. Rien de ce que vous pourrez dire ou faire ne la ramènera. Il fait que vous soyez fort. Que vous arrêtiez de vivre dans le passé. Votre histoire est tragique mais elle reste la vôtre, pas la mienne – pas plus que celle d’Arthur.

— Le passé est tout ce qui me reste, affirma plaintivement le Roi, comme s’il essayait de se convaincre de ses propos, comme si la vérité pouvait être déformée. Il n’en était rien, évidemment – et cela, le jeune sorcier le savait et s’empressa de démentir, de sa même voix douce, aussi douce que celle d’Ygraine.

— C’est faux. Vous avez le présent et le futur. Vous avez un fils, un merveilleux fils dont vous pouvez être fier. Vous avez un peuple qui ne souffre pas de la faim, ni de la maladie, ni de la guerre. Vous êtes injuste, vous faites régner la terreur mais vous n’êtes pas un si mauvais Roi. Sinon, je serais déjà mort.

Le discours du sorcier avait mis du baume au cœur d’Uther et il se surprit à espérer que ses paroles soient vraies. Comme il secouait la tête, désabusé, un souvenir lui revint pile à ce moment-là, Nimueh et Ygraine assise côte à côte et le regardant en souriant. Elles semblaient heureuses, fières de lui. Quand cela s’était-il passé ? Il ne s’en souvenait plus… et peu importait, au final. Elles étaient belles, vivantes et ensemble. Il vit Nimueh embrasser Ygraine sur la tempe puis sa femme lui tendre la main, plus radieuse que le soleil. Il ne put empêcher un sourire d’étirer ses lèvres. Le passé était splendide.

Soudain, l’image changea : Arthur se tint à la place d’Ygraine – mais un Arthur plus âgé, plus mûr que celui qu’il connaissait – et Merlin à la place de Nimueh. Ce dernier semblait aussi avoir vieilli de quelques années et portait une tunique grise aux manches remontées jusqu’au coude, un symbole druidique s’étalant sur son avant-bras droit. La seule chose inchangée restait les sourires, aussi lumineux que ceux d’Ygraine et de Nimueh, aussi plein de promesses d’avenir qu’il savait qu’il ne verrait pas. Le futur était tout aussi magnifique que le passé. Cela rassura le Roi, qui ferma les yeux, laissant la vision se dissiper.

— Il sera brillant, parla soudain Merlin – et sa voix semblait si profonde, si ancienne qu’Uther douta un instant de l’humanité de la créature qui se tenait en face de lui. Rien ne surpassera sa grandeur, même la magie se pliera devant lui. Ceci est le destin d’Arthur et de Camelot toute entière. Tout espoir n’est pas perdu, Uther Pendragon. Vous avez perdu le passé mais il vous reste l’avenir. Il vous reste Arthur.

Merlin eut un sourire un peu triste et secoua brusquement la tête, s’écartant soudain du Roi, ce qui mit fin au contact de leurs mains et fit revenir ce dernier à la réalité. Il fixa le magicien en face de lui, ses yeux durcis, ses lèvres réduites à une fine ligne, son expression déterminée, presque menaçante et, à ce moment, il put mesurer tout le potentiel dangereux de cet homme, caché par un corps trop fragile ainsi que des yeux rieurs.

— Trois dernières choses, Uther Pendragon. Ne vous avisez jamais de me menacer – ni aucun autre de ceux qui me sont chers – par quelque moyen que ce soit. N’essayez jamais de m’éloigner d’Arthur. Et gardez vos secrets pour vous, de même que je garderais les miens. Personne ne doit savoir. De toute façon, je saurais si vous essayez de me trahir et ce jour-là, vous regretterez de m’avoir mis en colère. Vous comprenez, j’espère ?

— Oui, souffla le Roi, bien incapable de faire autre chose.

— Bien.

La voix grave et basse se tut et les yeux bleus s’allumèrent de nouveau. Redevenu un serviteur un peu simplet, Merlin courba légèrement la tête et ajouta d’une voix un peu trop forte.

— Si vous n’avez rien d’autre à me dire, sire, je m’en vais rejoindre mon maître avant d’être réellement en retard.

Uther plissa les lèvres et se rassit sur son trône, avec une attitude aussi neutre que possible – comme si ce qu’ils avaient échangé n’était rien de plus qu’une conversation ordinaire entre un seigneur et un serviteur – avant de congédier ledit serviteur avec indifférence. Lequel s’inclina de nouveau, sourire aux lèvres, avant de se retourner et de se fondre dans les ombres.

C’était là qu’était sa place, après tout.


Uther Pendragon était un Roi qui n’était pas habitué à faire impasse sur la loi ou à tolérer des exceptions, surtout quand elles étaient aussi proches de lui. Mais Arthur n’était véritablement lui-même qu’avec Merlin et le souverain savait que le seul moyen de séparer les deux hommes résidait dans la mort – et encore, Ygraine et Nimueh ne l’avaient jamais vraiment abandonné, n’est-ce pas ? C’était lui qui les avaient abandonnées et il ne s’en rendait pleinement compte que maintenant. Il avait laissé sa colère prendre le pas sur le reste et pendant qu’il ruminait amèrement sa perte, il en avait oublié le pouvoir du pardon.

L’ironie avait voulu que ce soit un enfant né de la magie, cette magie qu’il haïssait tant, qui lui montre de nouveau cette voie, qui lui rappelle que c’était difficile mais que cela semblait bien, naturel même, de pardonner. Alors, quelque temps après avoir presque perdu son fils, Uther se sentit capable de pardonner à Ygraine, son épouse bien-aimée, et à Nimueh, sa chère magicienne. Il les aimait, après tout, et elles l’avaient aimé en retour, il en était certain maintenant. Il pardonna aussi à Arthur de lui avoir causé tant de souffrances et, caressant les cheveux de son fils endormi, il lui demanda pardon d’avoir fait de même dans son aveuglement.

Il ne pardonna rien à Merlin, ni à la magie. Il n’en avait ni le droit ni le courage.

Cependant, il ne tenta rien contre le jeune sorcier. Une entente tacite semblait avoir été signée entre eux et, chacun à leur manière, ils œuvraient pour le bien de Camelot, intimement persuadés que l’autre avait tort. Ils ne reparlèrent que très rarement en tête à tête, sans jamais laisser entendre quoi que ce soit qui puisse trahir leurs secrets. Uther ignorait s’il avait bien fait de laisser le garçon vivre et souvent, c’était dans ces moments que ce dernier disait ou faisait quelque chose qui faisait rire Arthur et les doutes du Roi se dissipaient. Arthur était le futur et la seule chose qui comptait désormais – après sa chère Morgana, qui malgré ses récentes guérisons, restait sa fille adorée et la première dans son cœur. Mais si Merlin rendait Arthur heureux, alors il garderait sa colère, sa haine de la magie et ses secrets. C’était un sacrifice nécessaire à l’avenir qui se préparait.

L’avenir qu’il ne verrait jamais. L’avenir qui serait bien plus glorieux que tout ce qu’il avait bien pu imaginer par le passé. L’avenir que bâtiraient Arthur, son fils si cher à son cœur, et Merlin, un sorcier qui incarnait tout ce qu’il haïssait sur Terre et qui l’avait aidé à se retrouver lui-même. Arthur et Merlin. Merlin et Arthur.

Une même pièce, séparée en deux. Deux chemins qui se rejoignaient en un, qui ouvraient les portes d’un futur éclatant.

Un même destin.

Le pendule reprit sa course…

Ouverture.

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Kandai

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