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Titre
: Turn back the pendulum
Auteur :[personal profile] kandai_suika
Fandom : Merlin (BBC)
Personnages/Couple : Uther(/Nimueh/Ygraine), Arthur/Merlin
Genre : angst
Rating : PG-13
Disclaimer : BBC
Warnings : mort de personnage
 
Résumé : Il ne distinguait plus. Arthur d'Ygraine, Merlin de Nimueh, le passé du présent, ce qui lui reste et ce qu'il a perdu.

Note : Originellement posté de janvier à juin 2011. Non relu.
Continuité : Saison 1, léger spoilers de la saison 2.
Taille : ~1700

[Chapitre suivant]


Je m’entraîne
Seulement à te dire
Adieu.

Le pendule balance vers l’arrière et stoppe son mouvement. L’histoire, alors qu’elle avançait naturellement vers l’avant, file pendant un bref instant en arrière, vers le passé, à une vitesse effrayante et s’arrête.

Juste un petit moment, le battement d’un cœur, avant de reprendre sa course éternelle.

Juste le temps d’une vie.


Il n’y avait pas si longtemps que ça, la haine était un concept totalement étranger à Uther Pendragon.

Il avait déjà ressenti des sentiments tels que la colère, l’amertume, la rage mais jamais de haine véritable pareille à celle qui le consumerait quelques années plus tard. Peut-être l’amour qu’il portait à celle qui était devenue rapidement son épouse le préservait-il du piège de la haine ? Peut-être…

Car, c’était là un fait qu’il était inutile de nier : Uther Pendragon aimait sa femme sans compter, de tout son cœur. Il y avait de quoi : Ygraine, en plus d’être jolie comme un cœur et parfaitement bien élevée, était d’un caractère vivant, enjoué, prête à répandre la bonne humeur partout sur son chemin du matin jusqu’au soir. Même enceinte jusqu’aux yeux, elle se promenait encore dans les jardins de la Cour de Camelot, le sourire aux lèvres, causant vivement et gaiement avec qui passait par là, du prince du pays voisin venant en mission officielle visiter le nouvellement nommé Roi de Camelot à la simple domestique aux bras pleins de linge sale. Oui, le Roi aimait la Reine. Elle était rayonnante, pleine de vitalité et de charme ; elle éblouissait tout ceux qui la rencontraient. Il n’y avait rien qu’il ne puisse faire pour elle et l’enfant qu’elle portait serait aussi lumineux qu’elle, Uther en était persuadé.

Il y avait un autre fait beaucoup moins connu que le premier, car beaucoup mieux caché : Uther Pendragon aimait également profondément la meilleure amie de sa femme. Il se refusait à l’appeler dame de compagnie, car le terme était condescendant et ceux qui pratiquaient la sorcellerie devait être traités avec respect. Ce respect initial était devenu affection et Uther s’était surpris à la regarder avec la même passion, la même tendresse qu’il regardait sa femme. Nimueh était pourtant tout l’opposé d’Ygraine : froide, sauvage, dangereuse, dure – voire amère – dans ses gestes et ses paroles. Où Ygraine était jour, Nimueh était nuit. Mais la sorcière dégageait une telle grâce, un tel magnétisme qu’il était tout simplement impossible de ne pas les apprécier. Le jeune Uther était conscient de n’être pas le premier à avoir succombé au le charme de la magicienne. Elle était belle, d’une beauté écrasante, à couper le souffle, le genre de beauté qui faisait passer pour fade tout ce qui avait le malheur – ou la chance de se trouver à ses côtés.

Excepté Ygraine.

Quand Ygraine et Nimueh étaient côte à côte, elles semblaient englober le monde tout entier et le rendre soudain plus riche, plus beau, plus… c’était difficile à décrire exactement, mais c’était un meilleur monde quand elles étaient ensemble. Mais quand Uther les regardait toutes les deux, se parler, rire ensemble ou même simplement se regarder, sans dire un mot, il lui semblait qu’il y avait sous leurs regards, sous leurs rires, sous leurs silences, le chef-d’œuvre d’une puissance quelconque et il ne pouvait s’empêcher de les aimer, d’aimer cette force qu’elles partageaient, d’aimer ce pouvoir qu’elles émanaient.

Oui, il ne servait à rien de le nier, de le cacher. Uther les aimait. Ygraine comme Nimueh, le soleil comme la nuit, la douceur comme
l’amertume, la joie comme la colère. Pour lui, elles étaient les deux femmes qui rythmaient sa vie et il se sentait presque capable de tout donner, de tout abandonner pour elles, pour pouvoir les rendre heureuses, pour pouvoir se repaître du monde qu’elles lui offraient sans en avoir réellement confiance.

Mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir peur. De la force d’Ygraine, de la puissance de Nimueh et des regards qu’elles se lançaient quand elles ne pensaient pas être observées, des sentiments qui passaient entre elles. Il avait peur que leur lien soit trop puissant pour qu’il puisse y gagner sa place, que leur amour soit trop fort pour qu’elles en aient encore pour lui – lui qui avait le cœur bien assez grand pour les aimer toutes les deux, d’amours différents mais de même intensité. Il espérait secrètement que la venue de leur enfant pourrait sauver leur trinité : après tout, Nimueh l’avait créé, il l’avait conçu et Ygraine le portait. C’était leur fils, à tous les trois, et il les sauverait, consoliderait leur trinité plus fort qu’aucun amour ne pourrait le faire. Forcément. Cet enfant ne pouvait être qu’une bénédiction.

Oh, comme il se trompait. Au final, rien ne s’était passé comme prévu. Pour aucun d’entre eux.

Ygraine était morte quelques secondes après la naissance, la magie drainant impitoyablement sa vie, et alors que Nimueh, pleurant et hurlant tout ce qu’elle pouvait, essayait désespérément de la ranimer par tous les moyens dont elle disposait, alors que lui les regardait, l’esprit vide, tenant l’enfant qui était censé les rendre plus forts contre sa poitrine, alors qu’il peinait à accepter la réalité – c’étaient ses deux femmes, les deux centres de sa vie mais l’une était vivante et l’autre morte, comment cela était-il possible ? – il avait finalement compris.

Qu’il n’y avait jamais eu de place pour lui, dans leur monde à elles. Que c’était lui qu’elles comptaient sacrifier pour que l’enfant – leur enfant à eux trois, pour l’amour de Dieu ! – puisse vivre, pour que leur monde puisse continuer de tourner. Il n’y avait jamais eu de trinité, juste elles deux, leur monde et leur amour aveugle, destructeur. Et maintenant, ils n’étaient plus que deux mais Ygraine était morte.

Passé le choc de la trahison, la douleur était rapidement venue, cruelle, intolérable. Rendu sourd et aveugle par sa soudaine rage brûlante envers les deux femmes, il avait juré leur perte, qu’il les détruirait comme elles l’avaient détruit. Il avait banni Nimueh de Camelot, avait banni la magie en même temps, décrétant qu’elle lui avait pris sa chère Ygraine, qu’elle avait détruit ce qu’il avait cru indestructible et que pour cela, pour lui avoir enlevé Ygraine et Nimueh, il détruirait toute la magie qu’il rencontrerait. Il avait fini par croire son propre mensonge, la colère latente aidant.

Sa haine avait été égale à son amour pour les deux femmes : crue, sans limites, passionnée et trop grande, trop douloureuse à gérer pour un cœur aussi jeune que le sien. Uther sombra.

Ygraine était morte, Nimueh était partie. Il s’était retrouvé seul avec cette douleur et ce sentiment inconnu qui lui brûlait la poitrine et qui parfois lui troublait la vue avec un nuage aux teintes pourpres – la couleur du sang d’Ygraine, des lèvres de Nimueh.

Leur enfant – un garçon, comme la sorcière l’avait escompté – avait vécu, grâce au sacrifice de la Reine. Uther l’avait détesté, avait détesté le fait qu’il ressemble tant à son épouse disparue, avait détesté le souvenir d’eux trois qu’il lui ramenait constamment à l’esprit. Cet enfant n’était pas le sien, il était le leur, à eux trois – mais ce trois ne voulait désormais plus rien dire, désormais… Et ô comme il détestait ça, comme il haïssait les reproches et la tristesse qui parfois envahissaient les yeux bleus du petit garçon, comme il haïssait se rappeler de sa femme dans ces moments là, comme il haïssait le fait qu’il se mette invariablement en colère contre son fils dans ce moments là – mais cela ne pouvait pas être son fils qui le regardait ainsi, n’est-ce pas ? Cela ne pouvait être qu’elle qui, par il ne savait quel moyen, trouvait encore le moyen de lui faire comprendre…

Puis, alors qu’il commençait tout doucement à s’abîmer dans sa haine et sa folie, Morgana était apparue dans sa vie. Sa fille. Illégitime peut-être mais sienne, tout entière à lui – sa mère et son présumé père étant morts, ainsi qu’une demi-sœur dont il avait à peine retenu le nom. L’arrivée de Morgana avait été une vraie bénédiction pour lui comme pour son fils. La certitude d’avoir quand même un enfant, une fille qui ne lui rappellerait ni sa femme défunte, ni sa magicienne exilée, lui avait permit de ne pas sombrer. Grâce à Morgana, il avait pu dépasser la haine insensée qu’il éprouvait pour le petit garçon à l’époque et accepter que ce Prince aux cheveux d’or et aux yeux bleus soit Arthur au lieu du fils de Nimueh et Ygraine – par le ciel, qu’il était dur de simplement penser à leurs prénoms.

Le temps avait cicatrisé cette haine envers le garçon, la changeant en une rancœur douce-amère parfois accompagnée de remords, et même s’il n’avait jamais pu aimer Arthur comme il aimait Morgana – le Prince ressemblait trop à la Reine pour ça – il ne pouvait qu’être fier de son fils, ce fils qu’il avait fini par considérer comme sien au même titre que Morgana, vu qu’Ygraine était morte et que Nimueh était partie. Derrière l’égoïsme et l’orgueil que le Prince aimait à afficher, se taillant une réputation bien méritée de pourri-gâté, il pouvait deviner son sens du devoir et de la justice. Uther s’en félicitait. Arthur serait sans doute un bon roi, ne restait qu’à lui donner les armes pour le rendre inflexible.

A ce moment, il pensait qu’il avait accepté le fait qu’Arthur ressemblait tant à Ygraine – même s’il avait encore ses moments de faiblesse. Quand cela devenait trop douloureux, il se réfugiait en conversations avec Morgana – qui était devenue une jeune femme splendide, aussi forte qu’il l’était devenu et dont il était aussi fier qu’il l’était d’Arthur – ou, quand celle-ci refusait de l’écouter – ce qui arrivait trop souvent à son goût – il vidait quelques bouteilles d’alcool fort dans le secret de ses appartements et se mettait à pleurer dans une des robes d’Ygraine, loin des yeux et des oreilles de tous. Mais ces moments de détresse avaient fini par s’espacer au fil des années et Uther supportait de mieux en mieux la compagnie d’Arthur, avec lequel il se trouvait plus de points communs qu’il n’aurait pu imaginer. La vie commençait à être plus douce – ou du moins, il la supportait mieux – et si la haine était encore douloureusement présente, elle était bien moins cuisante qu’au début.

Puis Merlin était arrivé, pareil à une étoile filante éclairant soudainement un ciel que l’on ignorait sombre.

Et tout avait changé.

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