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[fic] Danny Phantom: A l'ombre de nos vices
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Prompt : Danny/Vlad. N'être que l'unique représentant de notre espèce, comment vivre en étant ni mort ni vivant et seulement deux. Pour
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let’s admit, without apology, what we do to each other.
we know who our enemies are. we know.
Details of the Fire, Richard Siken.
Pendant un long moment, les choses s’étaient montrées… à peu près tolérables.Les fantômes étaient incapables de se tenir tranquille, bien évidemment, mais affronter les plus puissants d’entre eux avait collé à Danny Fenton une réputation de dur à vaincre franchement pas volée. En parallèle, les pouvoirs glacials qu’il avait développé auprès du peuple de Frostbite continuaient de s’accroître et de mûrir, ce qui se révélait très pratique lorsqu’on cherchait à renvoyer dans les tréfonds de la Zone Fantôme des Skulker, Ember McLain et autre Johnny 13 venus semer le chaos dans la paisible ville d’Amity Park.
Pendant un long moment, donc, l’existence de Danny Fenton – dit « Fantôme » pour ses intimes – avait été… douce. Presque paisible.
Et puis, comme à peu près tout dans la vie du jeune hybride, la situation avait de nouveau commencé à déraper sévèrement.
Et cette fois-ci, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.
Les ennuis avaient commencé simplement. Un séjour scolaire annulé à la dernière seconde parce que ses yeux s’étaient mis à clignoter d’une lumière verte. Une partie de pêche avec son père qui tournait au drame parce que la canne n’arrêtait pas de lui traverser les mains et qu’il avait fallu trouver un prétexte vite avant que Jack ne découvre qu’il n’y avait rien sous les manches de son pull. Un week-end en visite sur le campus de Jazz – par on ne savait quel diable, sa sœur avait réussi à décrocher une bourse une fois son diplôme obtenu pour étudier la psychologie dans l’une des universités les plus prestigieuses de Chicago et si ça, ce n’était pas signé Plasmius, Danny était prêt à manger son uniforme – écourtée en catastrophe parce que ses pouvoirs de glace avaient plongé la moitié du quartier dans le blizzard. Même les sorties qu’il avaient organisées en catimini avec Sam et Tucker étaient tombées à l’eau parce que des rayons ectoplasmiques s’étaient mis à jaillir de ses mains sans qu’il puisse les contrôler – ils avaient dû rentrer de leur trip improvisé pour le Lac Michigan en volant, Danny portant ses amis sous chacun de ses bras et priant pour que ceux-ci ne décident pas subitement de devenir immatériels au pire moment.
(Dans ses cauchemars, il voyait encore Sam et Tucker tomber, tomber sans qu’il puisse les rattraper.)
(Dans ses pires cauchemars, il se voyait les lâcher et les regarder mourir.)
Après ce fiasco-là, Danny avait renoncé à tout déplacement superflu, séchant les voyages scolaires et prétextant être malade pour les week-ends à la campagne. Devant sa mine étrangement sombre et sérieuse, même Jack et Maddie n’avaient pas cherché à protester. Jazz avait bien tenté de mettre le tout sur le compte d’une crise d’adolescence tardive couplée à la paranoïa constante d’être sur ses gardes au cas où un fantôme faisait irruption au milieu d’un cours de maths mais Danny avait raccroché le téléphone avec fracas avant d’envoyer le combiné valser contre le mur dans un accès de frustration.
(Pour son plus grand dépit, l’objet ne s’était même pas contenté de traverser le mur avant de s’écraser pitoyablement sur le sol. Il s’était retrouvé bien malin de devoir expliquer à ses parents pourquoi le téléphone semblait avoir été plongé dans l’eau bouillante pour être immédiatement jeté au fond d’un congélateur et oublié pendant des semaines.)
Danny s’en était un peu voulu par la suite : il savait que sa sœur avait de bonnes raisons d’être inquiète. Mais tout de même, ce n’était pas sa faute si les pouvoirs qu’il avait passé tant d’années à tenter de maîtriser décidaient tout simplement de se dérégler à la minute où il quittait le périmètre étendu d’Amity Park – après tout, il aurait adoré pouvoir passer des vacances avec Sam dans la résidence secondaire que ses parents possédaient en Californie ou pouvoir simplement profiter d’un camping trip sans que sa peau ne lui donnât l’impression de geler sur place à chaque fois qu’il s’éloignait de sa maison de plus de vingt kilomètres. La liberté dont il aurait dû jouir pendant ses ultimes années d’adolescence était en train de lui glisser sous le nez alors qu’il voyait ses camarades de classe déployer prudemment leurs ailes, soudain devenues trop petites pour Amity Park.
Ils en avaient discuté pendant des soirées durant, accrochés à leurs téléphones et aux étoiles du ciel : Tucker voulait devenir ingénieur, Sam fonder une association pour la défense et les droits des animaux. Même les idiots de la bande à Dash Baxter et cette pimbêche de Paulina avaient des rêves de grandeur – aller à Hollywood et devenir star, entrer dans la division nationale de football américain – et Danny ne pouvait pas penser à l’idée de quitter Amity Park sans avoir envie de geler la moitié du continent et de carboniser l’autre.
(Et si je le veux vraiment, je pourrais peut-être y arriver, pensa-t-il le temps d’une minute sombre.)
(Peut-être.)
La veille de la remise des diplômes, sa mère l’embusqua à la table de la cuisine.
Danny avait bien cherché à esquiver la conversation – un art dans lequel il excellait étonnamment depuis qu’il avait fêté son dix-huitième anniversaire – mais un seul coup d’œil au regard déterminé de Maddie Fenton lui avait passé l’envie d’inventer une excuse. Face à la femme assez entêtée pour épouser Jack Fenton et préserver leur mariage contre marées, vents et fantômes, il préférait encore affronter la moitié de la Zone Fantôme avec un bras attaché dans le dos que de chercher à se justifier.
— Danny, tu… tu ne nous as jamais parlé de tes projets d’avenir, avait-elle commencé, étrangement peu sûre d’elle. Sous la peau du jeune homme, un picotement avait commencé à percer, promesse d’une menace à venir – il avait dû enfoncer ses ongles dans la chair de son bras pour réprimer la vague de gel qui menaçait de s’échapper de son corps.
Danny était douloureusement conscient du fait qu’il allait finir par décevoir sa mère. Comment lui annoncer qu’il n’avait aucun projet de faire de hautes études (comme Jazz et Tucker), ni de grande cause à laquelle se vouer (comme Sam), ni de rêve à poursuivre (comme cette écervelée de Paulina ou ce tocard de Dash Baxter) parce que la simple idée de quitter Amity Park menaçait de briser le peu de contrôle qu’il gardait sur sa nature de fantôme et de mettre sa vie ainsi que ses proches en péril ? Comment lui dire, au milieu du café tiède et des œufs qui frétillaient dans la poêle « Maman, je suis à moitié fantôme et si je ne peux pas défendre la ville contre les fantômes qui menacent son équilibre, je pense que je vais devenir fou » ? Au-delà de toutes les considérations sur son avenir, il savait que ses parents mouraient d’envie de mettre la main sur Invisobill ou « le garçon fantôme » pour le disséquer sur une table en métal ; aurait-il seulement le courage de leur avouer sa vraie nature sans trembler de honte ou de colère, un jour ?
— Danny, c’est vraiment important, insista Maddie devant son mutisme prolongé. Tu as eu dix-huit ans, tu es… C’est de ton avenir dont il s’agit. Écoute, si tu t’inquiètes pour les frais, je tiens à te rassurer… le donateur qui a financé les études de Jazz, il… il a laissé une somme identique pour toi, au cas où tu souhaiterais tenter ta chance à l’université. N’importe laquelle. Qui sait, tu pourrais même… tu pourrais tenter d’entrer dans la NASA, hm ?
Le mystérieux donateur de Jazz… ?
Est-ce qu’elle voulait dire Vlad ?
Danny garda les yeux rivés sur son assiette, son cœur tambourinant frénétiquement contre ses tempes. Son bacon grillé était déjà froid ; il était sorti de la poêle quelques minutes plus tôt. Sur la surface, quelques petits cristaux de glace avaient commencé à se former.
— Je tenais à ce que tu saches, au moins… Je sais que ça n’a pas toujours été facile mais… Ton père et moi sommes très fiers de toi, continua sa mère. Elle semblait étrangement loin. Distante. Éteinte.
(Non, vous ne l’êtes pas, murmura mesquinement une petite voix au fond de Danny. Vous ne pourrez jamais l’être.)
— Je dois y aller, m’man, répondit-il du bout des lèvres.
Il laissa une assiette à moitié pleine et l’empreinte d’un baiser glacé sur sa joue.
Vlad avait beau être le maire d’Amity Park depuis plusieurs années – et les dieux seuls savaient pourquoi il s’était mis cette drôle d’idée dans la tête – Danny avait eu peu d’occasions de le recroiser depuis le fiasco qui avait failli provoquer la mort de Dani.
(Il ne pouvait pas s’empêcher d’être amer en repensant à son clone. Dani n’avait jamais éprouvé la moindre difficulté à s’éloigner d’Amity Park ou à parcourir la Zone Fantôme à loisir ; savoir qu’elle y était tolérée alors que Danny ne pouvait pas y faire un pas sans être poursuivi par la moitié de ses habitants rendait le jeune homme fou de rage froide.)
(Peut-être était-ce pour ça que Dani avait coupé le contact, ces derniers temps.)
Qu’on ne s’y trompe pas : Vlad n’avait pas pour autant renoncé à se mêler de la vie de Danny. Il avait continué de rendre la vie dure aux Fenton sous les traits de Plasmius, avait continué ses entourloupes et autres magouilles à ciel ouvert pour rester maire d’Amity Park bien après l’expiration de son mandat, avait engagé les Hommes en Blanc à de multiples reprises pour pouvoir les distraire pendant qu’il ourdissait des complots secrets et probablement. Sa présence s’était certes faite plus rares durant ces dernières années mais le vieux loup avait toujours le chic pour débarquer à nouveau au moment où Danny pensait enfin à baisser sa garde…
Comme aujourd’hui.
En volant jusqu’à la résidence locale de Plasmius, Danny sentit toute la frustration qu’il avait emmagasinée ces derniers mois en lui se décharger comme une traînée lumineuse dans son sillage. Au diable les préjugés de Jazz et les paroles faussement réconfortantes de sa mère ! Il avait besoin d’un défouloir et par chance, sa vieille némésis venait de lui fournir exactement ce qu’il cherchait depuis des mois. De quel droit Vlad osait-il chercher à acheter sa famille ? Les études de Jazz, ses propres études, son avenir – quel était le plan diabolique qui se terrait derrière cet acte faussement désintéressé ? Était-ce un moyen de porter un coup de pression contre sa mère ? Cherchait-il à revenir dans les bonnes grâces de Maddie même si celle-ci avait définitivement repoussé ses avances – ou pire, cherchait-il à se mettre Danny dans la poche à nouveau ? Cherchait-il à le monter contre son père, contre les siens ?
Le jeune homme vit blanc de rage.
Quel que soit le petit jeu tordu auquel l’autre hybride se livrait, cela s’arrêtait maintenant.
Danny devait quand même reconnaître une qualité persistante à son ennemi de toujours : celui-ci ne se laissait pas facilement impressionner. Si un fantôme avait fait irruption dans son salon et gelé l’intégralité de ses meubles tout en menaçant de l’envoyer aux tréfonds de la Zone Fantôme avant de le désintégrer une bonne fois pour toute, Danny aurait sans doute répliqué avec autant de force que nécessaire pour renvoyer le nuisible chez lui.
Au lieu de cela, Vlad l’avait simplement invité à prendre le thé.
— Il était inutile de détruire ma bibliothèque, Daniel, un simple coup de fil aurait suffi. J’ai toujours du temps à te consacrer, avait-il répliqué avec un de ces petits sourires en coin qui avaient le secret d’énerver Danny au plus haut point.
Il avait accepté la tasse et les biscuits, par intérêt plus que par politesse. Vlad était retors et calculateur mais il aimait s’écouter parler plus que tout : jouer son jeu était souvent le meilleur moyen d’obtenir des informations rapidement. Plus vite il saurait ce qui motivait son ennemi, plus vite il pourrait le mettre hors d’état de nuire et mettre un terme à cette visite de non-courtoisie.
Mais Plasmius ne semblait pas davantage d’humeur à répondre à ses questions, ni même à réagir à ses piques acerbes. La mention de Maddie ne le fit même pas tressaillir ; tout juste se contenta-t-il de tiquer de l’œil droit avant de reporter son attention entière sur le jeune hybride en face de lui, figé dans une moue contemplative.
(Danny n’aurait su dire ce qu’il préférait. Il y avait des années qu’il n’avait pas été seul face à Vlad et cela suffisait pour le mettre mal à l’aise ; il avait l’habitude des grands monologues théâtraux et des plans tordus destinés à lui rendre la vie impossible. Il avait l’habitude d’être prisonnier ou attaché ou retenu en otage pendant que l’halfa cherchait à le convaincre de s’allier à ses plans, pas d’être au centre d’une attention froide et calculée.)
(Il avait l’habitude que Vlad le traitât comme une nuisance, pas comme un égal.)
(C’était déplaisant. C’était grisant.)
— Tes pouvoirs ont l’air d’échapper à ton contrôle, petite canaille, commenta enfin Vlad avec lenteur, comme s’il pesait délicatement chacun de ses mots. Il s’est passé quelque chose ?
— Ouais ! répondit Danny, piqué au vif par la remarque – comme si c’était sa faute, comme s’il n’avait pas passé les derniers mois à faire attention, à chercher à garder à tout prix le contrôle en vain. Figure-toi qu’un vieux maniaque a décidé d’offrir à ma sœur et moi assez d’argent pour racheter le pays entier, soi-disant pour financer nos études !
— Daniel.
Danny laissa tomber sa tasse, le thé gelé se brisant en mille morceaux sur le parquet ciré. Il sentait ses yeux brûler et nul doute qu’ils avaient viré au vert, foudroyant son ennemi du regard. Plasmius se contenta de hausser un sourcil, ses propres yeux virant au rouge en réponse ; un défi et une mise en garde à la fois.
Il ne lui en fallu pas davantage pour exploser.
— Je vais te dire ce qui se passe, moi ! Il y a ma mère qui est venue me trouver ce matin parce qu’elle veut discuter de mon avenir, parce qu’elle pense que je veux faire comme Jazz et Tucker qui s’en va préparer son stupide concours d’entrée à la fac le mois prochain et Sam qui veut que je parte avec elle monter sa stupide association de protection de la nature et même Baxter a trouvé une équipe qui veut bien le laisser faire ses preuves et, et moi… !
Je n’arrive pas à quitter cette fichue ville !
Les mots restèrent bloqués dans sa gorge mais son ennemi n’en eut pas besoin pour comprendre. La sévérité de ses traits s’adoucit tandis qu’une ombre mélancolique passait devant ses yeux.
— Ah. Je vois.
— Il n’y a rien à voir ! s’insurgea Danny. De la glace surgit de ses paumes en bourrasques, prête à attaquer l’homme qui avait l’audace de le provoquer. Pendant une fraction de seconde, il crut que Plasmius allait se lever pour répliquer mais ce dernier se contenta de découvrir ses canines, comme s’il n’était rien de plus que vaguement insulté par l’attitude de son invité.
— Il y a tout à voir, Daniel. J’ai vécu la même chose que toi, figure-toi.
L’agressivité de Danny retomba d’un coup et le jeune homme se sentit soudain très bête.
Il avait tendance à chercher à l’oublier mais Vlad était comme lui : une anomalie, un être coincé entre la vie et la mort à cause d’expériences, un hybride moitié-humain moitié-fantôme. Il n’avait pas cherché à connaître les détails de ce que ses parents appelaient « l’Incident » avec une voix basse et mélancolique mais il se souvenait de quelques bribes à propos d’une longue et humiliante hospitalisation qui avait éloigné Vlad de ses parents à l’époque. Brutalement, le jeune homme se prit à penser qu’il avait eu de la chance de pouvoir vivre sa propre demi-mort entouré de ses amis et de leur soutien indéfectible ; il regrettait parfois de ne pas être capable montrer à Sam et Tucker toute la gratitude qu’il ressentait à leur égard. Vlad n’avait pas visiblement eu cette chance, lui.
(La faute à qui ? siffla une part de lui-même qui ressemblait décidemment beaucoup trop à Dan.)
Pour une fois de sa vie, il éprouva un élan de sympathie pour son prédécesseur.
— Je… Je suis désolé, Vlad, je n’avais pas pensé…
— Que tu n’étais pas le seul ? répliqua amèrement le milliardaire. A ma connaissance, nous sommes les uniques hybrides de ce monde – deux et demi, si on compte l’existence de Danielle. Je sais à quel point y penser t’horripile mais ignorer mutuellement notre existence est un luxe que ni toi ni moi ne pouvons nous permettre.
Danny grimaça à la mention de son clone ; il avait tout sauf envie de mentionner Dani qui coulait sans doute des jours heureux à vivre moult aventures aux confins de la terre et de la Zone Fantôme et encore moins avec l’homme qui l’avait créée et manipulée jusqu’à la décomposition. Heureusement, Vlad choisit de ne pas relever, trop occupé à marmonner quelque chose au sujet de la facture qu’allait lui coûter les réparations.
C’était l’occasion, peut-être, de chercher à savoir ce qui n’allait pas chez lui.
(A part le fait qu’il était à moitié mort, évidemment.)
— Alors, c’est normal… pour un halfa ? hésita le jeune homme, douloureusement conscient d’être hors de son élément. Ce qui m’arrive ?
— Et qu’est-ce qui t’arrive exactement ? Sois précis, exigea de savoir son aîné, à mi-chemin entre le souci et le sarcasme. J’ai mieux à faire de mes journées que d’espionner le moindre de tes faits et gestes, Daniel.
(Menteur, hurla le monstre qui se terrait contre son cœur. Menteur, menteur, menteur, menteur—)
Sourd et aveugle à la tempête qui grondait sous la peau de son cadet, Vlad se contenta d’hausser un sourcil. De rose, sa peau avait pris la couleur bleue de sa forme spectrale tandis qu’un voile rouge avait recouvert ses iris – presque par provocation.
Ou peut-être – non, pas une provocation. Plutôt… un rappel.
Une invitation.
Danny ravala sa fierté et se mit à parler.
La destruction du salon de thé et la discussion qui s’ensuivit marqua le début d’une étrange trêve entre Plasmius et lui.
Ou peut-être avait-elle déjà commencé avant. En y réfléchissant à deux fois, Danny devait reconnaître que cela faisait déjà quelques années que Plasmius semblait avoir arrêté de chercher à reconquérir Maddie Fenton et les rares fois où il était aperçu sous sa forme spectrale, il cherchait à disparaître aussi vite que possible plutôt que d’affronter son semblable de front. Ses actions prises en tant que maire d’Amity Park, bien que nuisibles, n’étaient plus directement dirigées contre les Fenton ou les associés connus de Danny Fantôme – même Valérie avait fini par ranger son costume de chasseuse pour se concentrer sur sa famille et son avenir. Danny avait été vaguement tenté de partager ses observations avec Sam et Tucker mais il savait que ses amis s’alarmeraient à la simple mention du milliardaire ; et franchement, ils avaient nettement mieux à faire que de s’inquiéter de cette nouvelle (fausse ?) entente entre le vieux Plasmius et lui.
Tucker préparait sa rentrée universitaire en août et il était plus débordé que jamais, se cassant les dents sur ses tests d’admission avec l’acharnement d’un forcené. Sam, quant à elle, était restée plus longtemps dans l’indécision : elle avait proposé à Danny de rester dans les environs d’Amity Park mais le jeune fantôme la connaissait trop bien pour accepter un tel marché. Devenir vétérinaire, fonder une société écologique défendant les droits des animaux, c’était son rêve le plus cher. Elle lui en aurait voulu toute sa vie si elle était restée auprès de lui.
Et pourtant…
Il ne lui avouerait jamais mais il mourait d’envie de la garder auprès de lui. Tucker et Sam, Jazz, ses parents, même les autres lycéens qui s’amusaient à colporter des rumeurs sur son dos et le pousser dans son casier ; il aurait tout donné pour les enfermer dans le cocon chaleureux d’Amity Park, pour ne jamais les perdre de vue, pour les garder à ses côtés pour l’éternité.
— C’est notre lot d’avoir des obsessions, avait marmonné Plasmius en posant une main étrangement chaleureuse sur son épaule. Les fantômes ne sont que les manifestations de résidus de conscience humaine qui s’est greffée sur de l’énergie ectoplasmique, petite canaille ; le reste de leur humanité… la capacité à s’adapter au changement, à pardonner, à se détacher de ce qui les obsède… dès lors qu’un fantôme existe, il est déjà trop tard. La mort n’est pas une tendre maîtresse.
En son for intérieur, Danny trouvait l’idée révoltante. Il s’était réveillé à l’aube de ses quatorze ans sur le sol de l’étrange machine construite par ses parents, amputé d’une partie de lui-même en un flash de lumière blanche – un hybride, dépossédé de son humanité et pourtant si étroitement lié à elle, à ce corps si étrange au pouls absent mais qui mourait de faim s’il oubliait de le nourrir. Pour la millième fois en quelques mois, il se demanda comment Vlad avait fait pour endurer ce calvaire seul, entouré des murs blancs de sa chambre d’hôpital et seule la honte retenait ses questions brûlantes.
— Je ne voulais pas la laisser partir… avoua-t-il à la place, l’amertume colorant ses lèvres. Je me déteste d’y avoir songé, tu sais, et pourtant…
Pourtant, c’était plus fort que lui. Son âme de fantôme ne désirait rien de plus que de hurler à la mort que Sam était à lui – comme Tucker et Jazz et ses parents et Amity Park tout entier et Vlad…
Vlad se contenta de lui renvoyer un sourire douloureux. Entre les tentatives de psychanalyses ratées de Jazz, le souci évident qu’il causait à ses parents et les appels à moitié coupables et à moitié empressés de ses amis, Danny se surprenait à préférer le silence contemplatif de son ancien rival – un silence dépourvu de jugement ou d’hostilité, juste profondément empreint de nostalgie, comme s’il revivait une période difficile à travers les mots du plus jeune.
Dans les silences qui les rapprochaient, il avait l’étrange impression de se sentir… entendu. Compris.
Moins seul, peut-être.
— Tu es encore à moitié humain, Daniel. La permanence de la mort n’a pas encore la mainmise sur nous.
Pas encore.
— Est-ce qu’elle l’aura seulement un jour ? avait-il demandé, un frisson crispé sur la langue. L’idée d’être immortel – non, l’idée d’être déjà mort, incapable d’être touché deux fois par l’étreinte glacée de la Faucheuse, d’être condamné à avoir pour l’éternité un pied dans les deux mondes le remplissait d’une terreur sans nom. Était-ce leur lot ? Contempler l’humanité sans pouvoir la toucher, entravés par les lois des fantômes sans jamais prétendre au repos éternel ?
— Je n’ai aucune certitude, hasarda Vlad sur un ton prudent – et il était évident qu’il y avait déjà pensé, enfermé dans les quatre murs de sa chambre d’hôpital, il avait dû songer à l’immortalité et à la perspective de sa terrible solitude pendant des années. Nous n’avons plus de pouls mais nos organes sont intacts ; nos corps vieillissent mais ne fatiguent pas. Qui dit que nous sommes encore capables de mourir de causes naturelles ? Peut-être que notre humanité va finir par se déliter lorsque viendra notre heure et que seules nos formes spectrales nous survivront.
Danny retint la bile qui lui heurta les dents. Les doutes, c’était une chose – entendre des mots être posés sur son pire cauchemar rendait l’avenir confus et terrifiant. Sans le vouloir, le souvenir de Maddie lui demandant ses projets d’avenir devant la table de la cuisine lui revint en tête et l’écho d’un rire bref lui transperça la poitrine.
Comment lui dire que ce n’était pas l’absence d’avenir qui l’inquiétait mais bien sa présence, immuable et délétère ?
— Ça me terrifie, avoua le jeune homme dans un souffle.
Vlad ne répondit pas tout de suite.
— L’immortalité ?
— La solitude.
Il n’y eut pas de réponse. A la place, une main – large, bleutée, étrangement chaude – vint se loger dans la sienne, nouant leurs doigts comme pour prononcer un serment silencieux. Danny répondit avec le désespoir d’un noyé, ses dents plantées dans ses lèvres en offrande de pardon.
— Est-ce que ça changera seulement un jour ?
— Quoi donc, petite canaille ?
— Ce… ce qui se passe quand je pense à quitter à Amity Park. Quand je vois mes proches partir. Toute cette colère, cette rage – tu m’as dit que c’était lié à mes obsessions, à l’attachement qui me lie à Amity Park. Tu penses que tout ça… ça finira par partir ?
Vlad lui lança un autre de ces regards indéchiffrables. Danny détourna les yeux, honteux d’avoir posé la question : il savait que son compagnon devait penser à Jack. A Maddie. A tout ce que ses parents lui avaient volé depuis l’Incident et qu’il ne pourrait jamais retrouver. Pour la première fois de sa vie, il souhaita du mal à ses parents pour avoir abandonné leur ami au tourment de l’immortalité.
L’idée le terrifia un instant. Le réconforta.
(Vlad était à lui, lui aussi.)
— Peut-être un jour.
(Peut-être pour toi, entendit Danny et quelque chose se mit à geler derrière ses yeux et sous son cœur, un feu glacial et furieux crachant avec la frénésie d’un cœur encore vivant.)
Jazz, Sam, Tucker – pardonnez-moi.
Rester indéfiniment à Amity Park avait été un choix étonnamment facile à prendre. Pour Danny, il n’était même pas sûr qu’il s’agisse d’un choix ; ainsi, il restait proche de tout ce qui avait alimenté ses obsessions pendant son adolescence. Proche de sa famille, de la maison qui hantait chacun de ses souvenirs ; proche des gens qu’il avait passé des années à défendre contre les invasions de fantômes en tous genres. Proche de Vlad aussi, même si son entourage désapprouverait sans doute une fois qu’ils seraient mis au courant.
Sauf peut-être Jack. L’affection que son père portait à son vieil ami de fac semblait inébranlable, même si ce dernier avait tenté de séduire sa femme et d’adopter son fils plus d’une fois. C’en serait presque touchant si cette relation n’était pas tristement à sens unique – plus d’une fois, Danny avait été tenté de demander à Vlad de se débarrasser de la rancœur qu’il gardait contre le patriarche des Fenton avant de se raviser. Plasmius avait visiblement cessé de vouloir réduire Jack Fenton en pièces ; lui demander davantage ressemblait à une exigence cruelle.
Mais les fantômes étaient cruels de nature et Danny n’y faisait pas exception.
C’était cruel de laisser les mois s’égrainer sans jamais répondre aux questions de ses parents et à leurs inquiétudes à peine voilées. C’était cruel de chercher à garder le contact avec ses amis avec l’acharnement d’un stalker, même s’ils avaient fait leur vie à des milliers de kilomètres d’ici. C’était cruel de laisser sa sœur dans l’ignorance, de l’écouter errer dans le noir sans lui donner la moindre chance de comprendre. C’était cruel de se rapprocher de Vlad, de se laisser traiter en ami et en égal dans le silence de leurs conversations sans jamais franchir la distance qu’il avait laissée entre eux – mais c’était la seule solution pour qu’il puisse prétendre tous les garder.
Sa famille, ses amis, Vlad, les siens, tous précieusement blottis contre son cœur.
(Les miens, les miens, les miens, tempêtait la voix qui ressemblait à celle de Dan au creux de son oreille.)
Malheureusement pour eux, Plasmius n’était pas moins possessif. Ou absurde.
— Tu ne peux pas chercher à cacher indéfiniment tes actions, Daniel. (C’était un de leurs nombreux sujets de désaccords et souvent, cela se terminait en bagarre au milieu d’une des gigantesques pièces que Vlad gardait vide par principe, la glace contre le plasma, le feu ardent de Plasmius contre le blizzard gelé de Fantôme.) Tôt ou tard, ta vraie nature sera révélée et tu seras forcé de faire un choix.
— C’est facile à dire pour toi, cracha le jeune homme. Tu n’as plus personne à décevoir !
Danny sut qu’il était allé trop loin avant même de voir l’expression meurtrière qui déformaient les traits du fantôme. La température de la pièce grimpa en flèche, dépassant la limite du supportable. Le jeune hybride aurait pu s’enfuir, répliquer en retour en gelant tout sur son passage mais une part de lui – l’humanité, celle qui appelait au pardon et qui pleurait de douleur à l’idée d’avoir blessé son semblable, le sien, le sien – lui commanda de ne pas bouger.
— Il semblerait que non, tout compte fait ! tempêta Vlad, son âme blessée hurlant sous le bleu de sa peau. Même quand je cherche à brider ma propre nature, cela n’arrive pas à te contenter !
— Je n’ai pas besoin que tu le fasses ! se récria Danny, des larmes choquées perlant à ses yeux.
— Vraiment ? Préférerais-tu que je reporte à nouveau mon affection sur ta mère ? Ou que je cherche de nouveau à nuire à ton père ? Penses-tu que ces derniers mois – ces dernières années – que notre amitié n’est qu’une nouvelle ruse pour que je puisse te garder à mes côtés ?
L’idée même gela le sang de Fantôme.
— Ça m’est égal ! siffla-t-il, un torrent de rage remplaçant brusquement le désespoir. Je me fiche de ta relation avec mes parents, je me fiche de tes ruses insensées, je me fiche de ce que tu penses que je devrais faire – tu es à moi, Plasmius ! Comme mes parents, mes amis, tous les habitants de cette fichue ville – tout ça est à moi et je ne permettrais à personne de me les enlever !
Le choc qui déforma les traits de son ennemi (compagnon ? mentor ? ami ?) faucha la colère de Danny sous le pied. Quoi que Vlad eût attendu de leur confrontation, ce n’était sans doute pas à recevoir une déclaration et une menace dans la même minute.
Tant pis pour lui. Danny ne reprendrait pas ses mots. Pas alors qu’il pensait chacun d’entre eux.
— Tu penses que c’est ce que j’essaie de faire ? répondit Plasmius au bout d’un long silence, sa voix étrangement placide. La chaleur avait cessé de grimper pour repasser en-dessous d’une valeur tolérable mais l’halfa n’avait toujours pas retrouvé sa forme humaine.
— Toi seul peux me le dire, cracha Danny. C’est quoi, ton plan ? Me couper de mes parents, de ma sœur, de mes amis ? Me discréditer aux yeux d’Amity Park ? Me laisser le choix d’une vie solitaire jusqu’à ce que je devienne un vieil aigri incapable de voir plus loin que son dernier amour de jeunesse ?
— Tu n’auras jamais le loisir d’être seul, même si tu fais tout pour l’être, gronda Vlad avec hargne. J’espérais au moins que tu mesurais cette chance-là, Daniel.
— Quelle chance ? Nous sommes à moitié morts !
— Oui mais nous sommes à moitié morts ensemble !
Les vitrines et les carreaux volèrent en éclats autour d’eux. Au pied de Vlad, le plancher s’était mis à noircir. Nul doute que sous Danny, la glace avait repris ses droits, elle aussi.
Ni l’un ni l’autre n’était d’humeur à frapper, cependant. L’énergie qui avait fait trembler les murs était retombée aussi brusquement qu’elle était venue. Match nul, balle au centre et tout le monde rentrait chez soi avec le goût de la défaite plombant leurs gorges.
— Tu te trompes à mon sujet, souffla Vlad avant de se détourner, la voix rauque de déception. Je n’ai pas toujours fait les bons choix mais je ne suis plus un vieil aigri incapable de voir au-delà de son amour de jeunesse. J’ai changé, Daniel, et c’est aussi grâce à toi. J’espérais que tu l’avais compris.
— Vlad – attends, VLAD !
Ses plaintes restèrent sans appel. Plasmius avait disparu, évanoui dans l’éther en ne laissant derrière lui que des meubles brisés et une montagne de regrets.
(Ah, Danny, Danny — les mots de Dan résonnèrent dans sa mémoire, vicieux et cruellement vrais — tu ne peux pas t’empêcher de détruire tout ce que tu touches.)
— Oh, Danny, pourquoi tu ne me dis ça que maintenant ? fit la voix chagrinée de Jazz depuis l’autre bout du téléphone. Tu aurais dû m’en parler plus tôt. J’aurais pu t’aider.
— Je sais. Je suis désolé, Jazzie.
— Tu es mon petit frère. Que tu sois à moitié… mort, un hybride, un halfa – ça n’y change rien. Et ça ne changera rien pour Papa et Maman non plus.
— Donc tu penses que Vlad a raison.
— Je pense qu’il tient à toi plus qu’il ne veut bien l’admettre.
Ah ! pensa-t-il en raccrochant. Il savait pourquoi il avait si souvent évité sa sœur durant ces dernières années. Elle savait frapper pile où ça faisait mal même si elle ne pourrait jamais comprendre tout ce qui avait changé dans sa vie.
— Je crois que je tiens à lui plus que je ne veux bien l’admettre aussi, avoua-t-il enfin face au combiné silencieux.
La veille de son vingt-et-unième anniversaire, Danny fit irruption chez Vlad en traversant les murs de son bureau.
(La familiarité du geste lui arracha un sourire au passage. Il lui semblait si loin, le temps où il s’introduisait en douce dans les laboratoires secrets de Plasmius pour déjouer ses plans de conquête d’Amity Park. Ou ses plans de reconquête de Maddie Fenton, au choix.)
Le milliardaire leva à peine les yeux des schémas sur lesquels il travaillait – un autre projet d’exploration de la Zone Fantôme, apparemment – mais le jeune homme ne s’y trompa pas : un emballage cadeau avait été posé sur le coin du bureau d’ébène de son ancienne Némésis. Une branche d’olivier.
— Dois-je te chanter un joyeux anniversaire, Daniel ?
— Je pensais que la marche du temps n’avait pas vraiment d’importance pour nous. Tu sais, la mainmise de la mort et tout ça… répliqua Danny sur un ton faussement sarcastique. Vlad se contenta de hausser les épaules.
— Nous sommes encore humains, que je sache. A quoi bon être vivants si nous devons tout en ignorer ?
— Dis plutôt que tu meurs d’envie de me crever les tympans avec ta voix de casserole.
— Je n’oserais jamais.
La sincérité du rire qu’ils partagèrent réchauffa le cœur de glace de Danny. Pendant une seconde exaltée, il eut la vague impression d’être à nouveau pleinement en vie.
— Je vais le dire à mes parents demain, avança-t-il d’un ton tremblant, sa joie vacillant sous l’énormité de sa décision. Que je suis un fantôme. Je crois… je crois que tu avais raison. C’est le bon moment.
Les yeux de Vlad brillaient d’une lueur indéchiffrable. Avant qu’il puisse répliquer, Danny le devança, les mots glissant sur sa langue comme des glaçons de plusieurs tonnes.
— J’aimerais que tu sois avec moi quand… J’ai besoin que tu sois là.
Le « non » tant attendu ne vint pas. A la place, la main familière de l’halfa vint lui toucher l’épaule, chaude et rassurante – tout ce que Danny n’était pas. N’était plus. Ne serait plus jamais.
— Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ? soupira le milliardaire, une douleur sourde voilant son regard. Danny était tragiquement conscient que la seule personne à qui Vlad avait choisi de révéler sa nature n’était autre que lui-même ; même devant Maddie, il avait gardé le secret.
C’était injuste. C’était grisant.
(Mien, mien, mien – soufflait Dan, Fantôme, la voix cristalline qu’il associait toujours avec la mort dans sa tête. Peut-être qu’il était temps de reconnaître qu’elle faisait partie de lui, désormais.)
— Je vais les perdre, quoi qu’il arrive – et il tremblait de rage rien que d’y penser parce que c’était injuste, parce que c’était le lot des humains de perdre et il n’était plus humain, il n’était pas fait pour revivre la mort de ses proches en boucle, comment osait-elle les séparer de lui ? Si ce n’est pas à cause de demain, ça viendra quand ils mourront. Et si ce n’est pas la mort, c’est le temps qui nous éloignera. Je n’ai pas envie d’être seul quand ça arrivera.
Le sourire de Vlad se teinta d’une peine sincère.
— Je pensais ce que j’ai dit, la dernière fois, petite canaille. Tu ne pourras jamais être seul, pas tant que j’existerais encore.
— Je sais, souffla Danny, transporté par une bouffée d’affection. C’est pareil pour toi, hein ? Tant que je serais là, tu n’auras plus besoin d’être seul. Je ne le permettrais pas.
(Je suis désolé que tu l’aies été pendant si longtemps, ravala-t-il. Ces regrets-là ne servaient plus à rien aujourd’hui. Ni jamais.)
— Parce que je suis à toi ? rétorqua Vlad, une lueur taquine au fond des yeux.
— Parce que tu es à moi, confirma Danny en franchissant enfin l’espace qui séparait leurs lèvres.
— Papa, Maman… J’ai quelque chose à vous dire.
La main de Vlad lovée dans la sienne n’avait jamais semblé plus solide.