Obi-Wan avait souvent été confronté à la mort. C’était une donnée inévitable dans la vie d’un Jedi. Certaines l’avaient plus touché que d’autres – celle de son ancien maître Qui Gon, en particulier. Pourtant, jamais il n’aurait été en mesure d’anticiper celle qui lui vrillait le cœur à présent, face à son interlocuteur dont il ne se souvenait plus du nom – ce dont il se fichait éperdument, en cet instant. Ce dernier le fixait avec un mélange de gêne et de pitié qu’Obi-Wan ne percevait qu’à moitié. Il devait dire quelque chose ; au moins dans l’optique de congédier l’individu, lui signifier que le message était bien reçu et qu’il le transmettrait au Conseil. Pourtant, il n’y parvenait pas. Ses lèvres demeuraient fermement closes, muettes, tandis qu’une seule pensée se répercutait inlassablement dans son esprit. Anakin était mort. Son Anakin était mort. Cette simple idée, affreuse, inconcevable, peinait à se frayer un chemin dans son esprit. Il n’osait y croire. Ou plutôt, il ne voulait pas y croire. Il devait forcément y avoir une erreur, n’est-ce pas ? Mais en même temps… Obi-Wan aimerait réellement croire au crédo ‘Pas de corps, pas de preuve’. Mais comment Anakin aurait-il pu survivre à l’explosion du vaisseau qu’il avait investi dans le cadre de sa mission ? Cela paraissait impossible. Il avait dû se trouver à l’intérieur à ce moment-là. J’aurais dû être là-bas avec lui. Cette phrase hantait ses pensées, elle aussi, y diluait son poison, nourrissait sa culpabilité et son désarroi. Les choses auraient-elles été différentes, alors ? Il ferma brièvement les yeux, comme pour occulter la réalité. Pourtant, la douleur persistait, vivace et invaincue ; le temps refusait de se suspendre. Il avait accepté depuis longtemps que ses sentiments demeurassent à sens unique – parce qu’ils étaient tous deux des Jedis, et que leur relation, construite sur un modèle de maître à disciple, compliquait la donne. Anakin continuait de l’appeler Maître, quand lui-même aspirait à être considéré de lui comme son égal, un éventuel partenaire… Parce qu’il y avait Padmé entre eux, aussi. Cela lui avait fait si mal lorsqu’il s’était aperçu de cette liaison, et comme il enviait la jeune femme pour détenir ce que lui-même n’aurait jamais… Mais cette douleur perpétuelle lui semblait bien plus préférable à celle que lui causait l’idée de devoir éventuellement faire le deuil de l’homme qu’il aimait. – Euh… excusez-moi ? Obi-Wan s’extirpa de ses réflexions et posa un regard détaché sur son homologue. Il se rendit alors compte que le jeune homme était toujours planté devant lui, indécis, et que lui-même n’avait toujours pas lâché un mot. D’où sortait-il, d’ailleurs ? Il n’en avait toujours aucune idée. Il hocha légèrement la tête pour lui signifier qu’il avait compris avant de se détourner de lui. Ce dernier y vit un signe et fila sans demander son reste. Alors que ses yeux suivaient la silhouette fuyante, son esprit était de nouveau ailleurs, rejetant une fois encore la terrible annonce. Certes, il avait eu une impression pesante, un instant, qui lui avait serré le cœur, et qui correspondrait peut-être à la survenue de l’instant fatidique ; mais n’aurait-ce pas été plus marquant si Anakin était mort ? Obi-Wan désirait y croire. Il était prêt à tout croire, du moment que cela infirmait la théorie de son trépas. Il devait aller voir. Se rendre sur les lieux, le chercher… Anakin n’était peut-être que blessé, après tout, peut-être avait-il réussi à s’enfuir à temps. Serait-ce réellement étonnant de sa part ? Ce ne serait pas la première fois. Il était excellent pilote : une chose impossible pour le commun des mortels ne l’était pas pour lui. Et il avait autant d’adresse pour s’attirer des ennuis que pour s’en dépêtrer. Oui, ce devait être ça. Forcément. Cette dernière idée affermit sa détermination, et sa décision fut alors prise. Il s’élança, non pas vers le temple, mais vers le spatioport. Pourquoi annoncer au Conseil une nouvelle possiblement fausse ? Et où serait l’urgence ? Pire encore, pourquoi y consacrer des minutes voire des heures alors qu’Anakin avait peut-être urgemment besoin d’aide ? Il n’avait que trop perdu de temps, déjà. Il ne pouvait plus attendre. Et il devait savoir. Alors il occulta le reste et se focalisa sur cet espoir fou qui naissait en lui tandis qu’il se convainquait de sa véracité. Tout en priant la Force pour que la réalité confortât cette hypothèse.
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timeasmymeasure
Star Wars - Obi-Wan -> Anakin(/Padmé) - Sens unique + Hasta la muerte
Date: 2023-02-25 01:04 pm (UTC)Pourtant, jamais il n’aurait été en mesure d’anticiper celle qui lui vrillait le cœur à présent, face à son interlocuteur dont il ne se souvenait plus du nom – ce dont il se fichait éperdument, en cet instant. Ce dernier le fixait avec un mélange de gêne et de pitié qu’Obi-Wan ne percevait qu’à moitié. Il devait dire quelque chose ; au moins dans l’optique de congédier l’individu, lui signifier que le message était bien reçu et qu’il le transmettrait au Conseil. Pourtant, il n’y parvenait pas. Ses lèvres demeuraient fermement closes, muettes, tandis qu’une seule pensée se répercutait inlassablement dans son esprit.
Anakin était mort. Son Anakin était mort. Cette simple idée, affreuse, inconcevable, peinait à se frayer un chemin dans son esprit. Il n’osait y croire. Ou plutôt, il ne voulait pas y croire. Il devait forcément y avoir une erreur, n’est-ce pas ? Mais en même temps…
Obi-Wan aimerait réellement croire au crédo ‘Pas de corps, pas de preuve’. Mais comment Anakin aurait-il pu survivre à l’explosion du vaisseau qu’il avait investi dans le cadre de sa mission ? Cela paraissait impossible. Il avait dû se trouver à l’intérieur à ce moment-là.
J’aurais dû être là-bas avec lui. Cette phrase hantait ses pensées, elle aussi, y diluait son poison, nourrissait sa culpabilité et son désarroi. Les choses auraient-elles été différentes, alors ?
Il ferma brièvement les yeux, comme pour occulter la réalité. Pourtant, la douleur persistait, vivace et invaincue ; le temps refusait de se suspendre. Il avait accepté depuis longtemps que ses sentiments demeurassent à sens unique – parce qu’ils étaient tous deux des Jedis, et que leur relation, construite sur un modèle de maître à disciple, compliquait la donne. Anakin continuait de l’appeler Maître, quand lui-même aspirait à être considéré de lui comme son égal, un éventuel partenaire… Parce qu’il y avait Padmé entre eux, aussi. Cela lui avait fait si mal lorsqu’il s’était aperçu de cette liaison, et comme il enviait la jeune femme pour détenir ce que lui-même n’aurait jamais…
Mais cette douleur perpétuelle lui semblait bien plus préférable à celle que lui causait l’idée de devoir éventuellement faire le deuil de l’homme qu’il aimait.
– Euh… excusez-moi ?
Obi-Wan s’extirpa de ses réflexions et posa un regard détaché sur son homologue. Il se rendit alors compte que le jeune homme était toujours planté devant lui, indécis, et que lui-même n’avait toujours pas lâché un mot. D’où sortait-il, d’ailleurs ? Il n’en avait toujours aucune idée. Il hocha légèrement la tête pour lui signifier qu’il avait compris avant de se détourner de lui. Ce dernier y vit un signe et fila sans demander son reste.
Alors que ses yeux suivaient la silhouette fuyante, son esprit était de nouveau ailleurs, rejetant une fois encore la terrible annonce. Certes, il avait eu une impression pesante, un instant, qui lui avait serré le cœur, et qui correspondrait peut-être à la survenue de l’instant fatidique ; mais n’aurait-ce pas été plus marquant si Anakin était mort ? Obi-Wan désirait y croire. Il était prêt à tout croire, du moment que cela infirmait la théorie de son trépas.
Il devait aller voir. Se rendre sur les lieux, le chercher… Anakin n’était peut-être que blessé, après tout, peut-être avait-il réussi à s’enfuir à temps. Serait-ce réellement étonnant de sa part ? Ce ne serait pas la première fois. Il était excellent pilote : une chose impossible pour le commun des mortels ne l’était pas pour lui. Et il avait autant d’adresse pour s’attirer des ennuis que pour s’en dépêtrer. Oui, ce devait être ça. Forcément.
Cette dernière idée affermit sa détermination, et sa décision fut alors prise. Il s’élança, non pas vers le temple, mais vers le spatioport. Pourquoi annoncer au Conseil une nouvelle possiblement fausse ? Et où serait l’urgence ? Pire encore, pourquoi y consacrer des minutes voire des heures alors qu’Anakin avait peut-être urgemment besoin d’aide ? Il n’avait que trop perdu de temps, déjà. Il ne pouvait plus attendre.
Et il devait savoir.
Alors il occulta le reste et se focalisa sur cet espoir fou qui naissait en lui tandis qu’il se convainquait de sa véracité. Tout en priant la Force pour que la réalité confortât cette hypothèse.