kandai_suika: (jean)
[personal profile] kandai_suika


Titre
: Frozen souls
Auteur : [personal profile] kandai_suika
Fandom : Bleach
Personnages/Couple : Rukia Kuchiki/Toshiro Hitsugaya
Genre : tragédie, pré-romance
Rating : PG-13
Disclaimer : Tite Kubo
 
Résumé : Une rencontre entre deux âmes gelées

Note : Originellement posté en décembre 2009. Non relu.
Taille : ~1500

Le dragon déploie sa crinière flamboyante et expire, dans un rugissement muet.
Notre existence se tourne vers ce moment, comme on se tournerait vers le salut.
Nos âmes gelées se réchauffent à son cri et brûlent, telles des comètes célestes.
Elles brûlent de mille feux avant de retomber dans leur éternel sommeil de glace.
Nos âmes, oui, ne sont pas faites pour vivre dans la lumière.

T.

Lentement, les soleils s'éteignent pour ne plus rien laisser de leur passage.
Lentement, ta silhouette décline et se flétrit, fleur déclinante devant le gel.
Le temps s'arrête, la foudre frappe le coeur des hommes et la vie disparaît, en hurlant.
Tu n'es plus qu'âme gelée, brisée par les années et la solitude.

R.

Il contemple avec un rien de contentement la couche de glace qui recouvre le Seireitei. Le paysage semble ainsi figé dans le temps, sans qu'aucun bruit ne vienne troubler l'espace qui semble aujourd'hui prendre des proportions immenses. Le silence se fait, comme si toutes les âmes du monde s'étaient voilées et parées de noir pour célébrer le deuil de quelque divinité, le deuil du soleil et de la vie.

24 décembre. Les larmes avant la fête. Pour rire correctement, il faut pleurer d'abord. Avoir les yeux secs à force de larmes pour pouvoir ensuite, fêter dignement.

A cette pensée, il détourne la tête, s'arrachant ainsi à la contemplation du Seireitei en deuil, et se lève doucement, sans faire de bruit. Respectant cette règle du silence, il retire sa veste de Capitaine, la plie soigneusement, pose délicatement son zampakuto et ouvre la porte. Le froid l'assaille mais il n'en a cure. Depuis quand le froid ne l'atteint plus, depuis quand ne fait-il plus la différence entre les rayons brûlants du soleil et les pieux de glace qui viennent lui transpercer le coeur alors qu'il s'avance le long de l'allée enneigée. Depuis combien de temps la flamme qui brûlait faiblement au fond de son coeur s'est-elle éteinte pour ne plus laisser qu'un coeur transi, une âme gelée ?

Trop longtemps. Cela fait trop longtemps que ses flammes sont mortes, à jamais. Et s'il sort, s'il marche le long de ce chemin de neige, de ce chemin des âmes, il ne sait pas encore pourquoi il fait ça, ni pourquoi il emprunte le même chemin.

Il sait juste que sa peine est encore là, bien à l'abri dans son âme gelée.

Elle lève les yeux vers les teintures blanches qu'ont pris les lignes de l'horizon. Le froid est au rendez-vous en ce 24 décembre, ainsi que la peine. Elle frissonne et replace son kimono sur ses épaules. Elle est transie alors qu'elle marche sur ce doux chemin de neige, alors qu'elle s'avance pour à nouveau faire face à son chagrin, si insondable soit-il, à son coeur qui semble se pétrifier dans sa poitrine frêle. Elle a maigri, elle paraît si petite, si faible en avançant sur ce chemin neigeux.

Elle passe le muret, franchit le petit portail et s'avance au milieu de l'allée. Elle sait où aller et va directement au fond. Elle passe des rangées fleuries. Il n'y a personne. La neige a dû décourager certains, la tristesse a sûrement eu raison du reste. Personne ne songe plus à venir ici, depuis bien longtemps. Sauf ceux qui ont tout perdu et qui viennent ici pour ressasser les souvenirs d'un âge d'or, perdu depuis trop longtemps. Elle est de ces gens là, elle n'a pas de honte à le montrer. Elle plaint plutôt les autres, ceux que la tristesse a déserté, ceux qui font semblant, qui disent que "tout va bien" alors que le coeur gronde à la révolte, à la peine, au désespoir. Elle plaint les âmes mortes qui n'ont pas la force de le reconnaître.

Elle ne fait pas attention à la silhouette qui reste prostrée sur les dalles de pierre. Elle ne fait plus attention qu'aux deux noms gravés dans le marbre, côte à côte. Aux personnes qui se trouvent en dessous - où du moins à leur cadavre spirituel en décomposition lente. A ceux qu'elle a perdu. Ou est-ce eux qui l'ont perdue ? Elle l'ignore.

Elle sait juste que la blessure est encore à vif, sous l'épaisse couche de glace qui la recouvre.

Il tourne la tête vers la visiteuse. Ils sont rares ceux à venir se recueillir ici, la veille de Noël. Les gens viennent quelques jours plus tard généralement, ceux qui ne veulent pas oublier ou ceux qui se sentent obligés de venir. Comportement ridicule mais que peut-il face à la puérilité du monde ? Alors qu'elle... elle semble différente des autres. Elle a beaucoup perdu, elle aussi, mais aveuglé par son propre désespoir, il était passé à côté. Comme de beaucoup de choses depuis... cette guerre maudite. Que lui avait-elle apporté sinon la mort et la douleur ? C'était sur ce champ de bataille que son ultime flamme s'était éteinte, que le dernier rayon de soleil de sa vie était mort... à jamais.

Quand tout soleil à déserté le ciel, que peut-on faire contre la nuit ?

Elle finit de se recueillir sur les tombes, dans le silence qui hante ses nuits. Elle essuie ses yeux secs et se détourne des noms. Son regard vide tombe sur les yeux glacés qui l'observent et elle fronce les sourcils. Elle n'avait pas aperçu l'homme qui la regarde maintenant. Elle a perdu bon nombre de ses réflexes d'antan et sa vivacité en fait partie. Les yeux qui la sondent sont d'un bleu glacial qui laissent entrevoir une âme froide, abandonnée par tout soleil. Et elle se rend brusquement compte... que c'est un miroir qu'elle a en face d'elle. Le reflet de ses années de noirceur, où se mélangeaient le doute, le chagrin et le néant mental. Elle déteste ce qu'elle voit en face d'elle, ce double vide où ne pointe que le froid, blizzard glacial et ravageur. Elle tord sa bouche et sait que cet homme en face d'elle pense la même chose. Il ne s'aime plus. Il n'aime pas ce qu'il est devenu, le coeur qui a durci face à la tempête, les larmes gelées et les lèvres bleuies. Et tout cela dure depuis trop longtemps pour en faire le compte. Ils sont jeunes mais ils ont l'air de deux vieillards qui seraient passés par tous les malheurs de la vie. Elle veut parler mais les mots qu'elle trouve n'ont pas de sens pour exprimer son dégoût. Alors elle referme la bouche et baisse les yeux.

C'est ironique de se retrouver soi-même sur la tombe des êtres que l'on a aimé plus que n'importe qui.

La lumière décline lentement et il lui tend la main. Il connaît son mal-être parce qu'il ressent le même. Mais il a suffit d'un regard vers les tombes de pierre pour se rendre compte. Pour comprendre. Elles n'auraient pas voulu ça, n'est-ce pas ? Qu'il se perde comme il l'a fait, qu'il laisse la glace le happer, l'avaler entièrement et laisser quoi, au final ? Une coquille, une carcasse qui se traîne lentement. Ses amis ? Morts. Sa passion ? Morte. Et parfois, il suffit d'un miroir pour vous renvoyer l'ascenceur, pour se réveiller complètement. C'est comme si elles s'étaient placées derrière lui pour hurler : 'Ne te laisse pas aller, flûte ! Bats-toi, tu en as le courage ! Aide-toi et nous t'aiderons ! Parce que nous t'aimons.'

Son amie, son amante et son amour.

Parce qu'elles voulaient qu'il vive.

Elle sait qu'ils n'auraient pas voulu tout cela. Qu'ils la croyaient assez forte pour faire abstraction de son chagrin, prendre son courage et aller de l'avant. Qu'ils ne supporteraient pas ce qu'elle est devenue, cette âme en peine qui se traîne avec lassitude en se languissant d'une mort prochaine ? Ils auraient tout fait pour la secouer, pour la sortir de cet état dépressif et létal. Mais le reflet s'était brisé et elle pouvait presque voir leurs reproches et leurs encouragements sur les tombes de pierre. 'Nous t'aimons. Reprends-toi et ne nous fais plus de peur pareille, idiote ? Tout va s'arranger, ok ? Tu n'es plus seule.'

Son frère, son ami et son amour.

Non, effectivement, elle n'était plus seule.

- Je crois que le printemps viendra bientôt, murmura-t-il.
- Nous avons le temps. Le chemin est encore long, souffle-t-elle.
- Oui, mais aujourd'hui, je peux en voir le bout.
- Moi aussi. Irons-nous ensemble jusqu'à la fin ?
- Jusqu'à la fin.
- Et plus loin encore ?
- Je le promets. Et vous ?
- Je le promets aussi.
- Nous n'aurons plus à craindre le gel ?
- Non, puisque nous pourrons nous réchauffer mutuellement.
- Alors, nous pouvons les remercier sans être coupable.
- Je pense aussi, oui.
- Viendrez-vous demain, pour célébrer Noël ?
- Certainement.
- A demain, alors... Mademoiselle Kuchiki.
- Oui, à demain... Capitaine Hitsugaya.
...

Momo, Karin, Rangiku... Merci.
Byakuya, Renji, Kaien... Merci.

Atteindre les soleils
Voler plus haut encore
Libre

T.

Vivre sans lendemain
Aimer sans compter
Libre

R.

If you don't have an account you can create one now.
HTML doesn't work in the subject.
More info about formatting

Profile

kandai_suika: (Default)
Kandai

February 2025

S M T W T F S
      1
2345678
9101112131415
16171819202122
2324 25262728 

Style Credit

Expand Cut Tags

No cut tags
Page generated Jun. 16th, 2025 03:58 am
Powered by Dreamwidth Studios