[drabble] Black sheep
Aug. 26th, 2009 11:10 pm![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)

Titre : Black sheep
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Note : Originellement posté en 2009. Non relu.
Taille : ~900
A Rome, fais comme les Romains.
Faire comme les Romains... en d'autres termes, se comporter selon les règles que la société avait définies, rester dans le rang, ne pas paraître le mouton noir de la communauté... ce qui impliquait une certaine modération de la part de Gin. Non seulement dans son caractère qui était déjà joueur et délicieusement vicieux mais aussi dans son apparence qu'il se devait de garder un minimum sobre pour ne pas attirer la curiosité malsaine de tous le monde.
Il avait dû renoncer très jeune à cacher ses yeux écarlates pour éviter le dégoût, la terreur ou l'admiration mitigée que lui portait le reste du monde. Même Rangiku, sa compagne de toujours, n'avait que très peu de fois pu apercevoir la couleur sanguine des fameux iris que Gin cachait plus par nécessité que par honte réelle. Forcément, les paupières semi-closes en permanence attiraient comme un aimant les esprits faibles et curieux qui espéraient deviner quel mystique secret se dissimulait derrière. Gin en aurait presque ri, si la situation n'était pas aussi inconfortable. Il aimait ses yeux. Contre tous, il pensait que la couleur qu'ils reflétaient n'était pas celle du sang mais du rubis, une pierre précieuse et rare - exactement comme lui. Aizen riait et disait qu'il le reconnaissait bien là. Tôsen ne disait rien. A quoi bon ? Gin aimait ses yeux. Plus, il les considérait comme des outils rares et précieux et les chérissait tendrement en les protégeant du monde extérieur qui pouvait se montrer bien cruel.
Par compensation, il affichait en permanence un sourire goguenard qui représentait pour lui la meilleure des armes et le meilleur des boucliers. Une arme qui terrorisait autant que la dégaine froide de Byakuya Kuchiki ou que la silhouette menaçante de Zaraki Kenpachi. Un bouclier derrière lequel se réfugier en cas de besoin, même si cela était rare. Ce sourire était toujours le même et seuls quelques rares personnes savaient saisir les nuances qui le teintaient. Gin aimait ce masque qui le distanciait par rapport aux personnes. Il ne le laissait presque jamais tomber, même en présence de Rangiku que le sourire ne dérangeait pas, car il faisait partie intégrante de son ami. Quant à Aizen et Tôsen s'en fichaient comme d'une guigne. Du moment que Gin n'attirait l'attention que sur lui.
La remarque avait d'ailleurs un peu contrarié Gin : il n'aimait pas attirer l'attention ! Il était l'ombre, le sournois serpent qui se glissait dans la nuit pour tuer discrètement ses proies, celui qui faisait régner la terreur parce qu'il ne se montrait jamais. Un ennemi qui se révèle faisait beaucoup moins peur qu'un ennemi qui reste dans l'ombre. Aizen savait qu'il lui faudrait jouer une partie de son plan dans l'ombre mais c'était tellement plus terrifiant - et amusant ! - si on donnait l'impression d'être un ennemi, sans toutefois en avancer aucune preuve. Les gens étaient plus vite nerveux, leurs nerfs craquaient plus vite. Et ils étaient tellement plus faciles à manipuler ! La preuve avec cette idiote d'Hinamori. Ou ce pantin d'Hitsugaya. Des esprits faibles ou curieux qui avaient décidé d'approcher trop près du feu.
A sa charge, Gin faisait de gros efforts pour s'intégrer aux Shinigamis comme le voulait Aizen. Si ce dernier était satisfait du travail de Gin, il lui avait toutefois recommandé de faire attention, de modérer son comportement et qu'une fois qu'ils seraient partis de la Soul Society, il pourrait se livrer à toutes les frasques possibles et inimaginables. Ce à quoi Gin répondait par un sourire - en apparence innocent - et un haussement d'épaules. Aizen soupirait: il ne pouvait pas blâmer le troisième capitaine à cause de sa nature profonde, si ? Gin s'amusait de l'embarras qu'il causait parfois à Aizen et se retenait de faire n'importe quoi même si parfois son pied déviait du droit chemin. Il se faisait taper sur les doigts après mais rien ne valait ces petits moments de plaisir quand il se laissait aller à être plus joueur et vicieux que d'habitude. Rangiku était la seule qui ne s'offusquait pas du comportement de son meilleur ami, sans doute parce qu'elle le connaissait mieux que personne et qu'elle savait que ces débordements étaient des manifestations naturelles de sa personnalité. Elle n'avait sûrement pas été chercher plus loin, la pauvre naïve. Quand comprendra-t-elle que tout ça, n'est pas un jeu ? C'était réel, du moins pour Gin, ça l'était.
C'était peut-être pour ça qu'il n'a pas eu de remords en lui disant adieu, sur la colline du Sokyoku. Parce qu'elle n'aurait pas accepté sa véritable personnalité, ni le fait que son coeur soit si noire, si coeur il était avéré qu'il possédait. Non, elle n'aurait pas compris. Alors il n'a pas de regrets de la quitter. Ils auraient fini par se faire du mal.
En y repensant bien, il n'a jamais pu vraiment s'insérer dans le moule. Il y avait toujours un petit défaut, un truc qui fonctionnait pas et qui attirait suspicion et admiration mêlées. Un mouton noir reste toujours un mouton noir, non ? Même s'il essaye de se peindre en blanc pour ressembler aux autres, cela ne donnera jamais que du gris. Et cela s'effacera avec la première pluie, le premier orage.
Son sourire s'efface et il ouvre ses yeux écarlates. Il est enfin libéré de ses chaînes. Libre ! L'avenir s'ouvre sur un horizon qu'il a espéré toute sa vie. Libre d'être comme il est, de faire ce qu'il veut. Libre !
Il sourit. Las Noches l'attend, promesse d'un nouveau départ.
Que disait le dicton déjà ?
A Rome, fais comme les Romains.
Et complote à la grecque, pour qu'ils n'y comprennent rien !