[ficlet] Thinking of you
Apr. 9th, 2009 05:41 pm![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)
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Résumé : « Ca ne fait que quatre mois que la guerre est finie et je n’en peux déjà plus. » Il a aidé les shinigamis à remporter la victoire mais ce jour là, il a tout perdu...
Taille : ~1900
Ma chère Rangiku,
Je ne sais par où commencer. J’ai tant hésité à te dire tout ce que j’ai sur le coeur. Et même maintenant, j’hésite. C’est pitoyable, tu vas me dire. Tu as raison, je suis pitoyable. Pitoyable, minable… Tu peux me qualifier de tous les adjectifs que tu veux, je m’en moque. Tout est vrai, de toute manière. Je n’ai rien à dire pour ma défense, strictement rien. Je plaide coupable du crime le plus odieux et le plus lâche de toute la Terre entière. Oui, je suis parti, sans promesse de retour cette fois-ci. Je me suis enfui sans me retourner et sans me poser de questions. Je suis coupable, coupable de t’avoir abandonnée, Rangiku.
Tu te demandes sans doute pourquoi et tu as raison de le faire. Hélas ! Ce pourquoi tant redouté est malheureusement resté sans réponse… ou du moins, j’y ai répondu trop tard. Je ne m’en voudrais jamais assez pour cela. Même si je sais que tout le monde m’a pardonné même s’il n’y avait pas exactement matière à pardon, le seul pardon que j’aie jamais souhaité, la seule rédemption que j’ai jamais entreprise, tu ne me l’as jamais accordée. J’en souffre, c’est vrai, cependant c’est bien peu comparé à tout ce que tu as enduré depuis mon départ.
Comment aurais-je pu savoir que je te ferais souffrir autant ? Comment aurais-je pu prévoir que ta souffrance dépasserait tout ce que je peux imaginer ? Mes larmes et mon sang ne pourront jamais racheter tes heures sombres de solitude et de cauchemars. Pardonne-moi pour ce mal, Rangiku, pardonne-moi pour cette souffrance inutile et inconsidérée que je t’ai fait subir. Si tu le peux encore, pardonne-moi.
J’ai un aperçu de la torture que j’ai provoquée en toi, puisque je la ressens maintenant. Seigneur, Rangiku ! Comment as-tu pu endurer cela sans t’effondrer, en affichant toujours ton sourire et ta bonne humeur en dépit du gouffre sans fond qui se cachait au fond de tes yeux ? Je ne tiens presque plus. La seule chose qui me fait encore avancer, c’est le fait que tu aies tenu encore plus longtemps, que tu m’aies attendu deux années durant, sans que ta foi de me voir revenir, un sourire d’excuse aux lèvres et les yeux remplis de honte, ne vacille. Deux ans, Rangiku ! Ca ne fait que quatre mois que la guerre est finie et je n’en peux déjà plus. Quatre mois sans te voir, quatre mois sans te ressentir et je suis déjà à bout… J’aimerais bien me souvenir, savoir comment j’ai fait au Hueco Mundo pour vivre séparé de toi pendant deux ans. Mais je n’y arrive pas. C’est presque insupportable. J’essaie de me tuer au travail, sans succès. Je cause du souci à Izuru. Il a toujours veillé sur moi, ce pauvre Izuru. Il ne devrait pas se faire du mauvais sang ainsi. Il devrait essayer de vivre sa vie, tant qu’il le peut encore. Belle morale, hein ? Je ne l’ai comprise que trop tard. Il est trop tard pour moi. Trop tard…
Tu sais, Rangiku, je me plais à dire que si j’avais su, jamais je ne l’aurais acceptée cette foutue mission et que je serais resté auprès de toi. Mais j’étais jeune, j’étais naïf et sûr de moi, j’étais persuadé que tu serais fière de moi quand je reviendrai héroïquement, après avoir trahi le traître Sosuke et ramené des informations capitales au Soul Society. J’étais tellement obnubilé par ce rôle à jouer que je n’ai pas remarqué ta douleur. Et puis quelle raison avais-tu de pleurer, me suis-je dit. J’ai une excuse minable, mais une excuse quand même : j’étais jeune, idiot et orgueilleux… Mais cet orgueil nous a détruit, Rangiku. Si j’avais su ce que j’allais perdre en acceptant, je me serais enfui avec toi. Toi, moi et notre amour… On serait allé vivre quelque part, loin, là où les shinigamis ne nous auraient jamais rattrapés. Mais l’aurais-tu voulu ? Avais-je le droit de te priver ainsi de ta vie, de tes amis, de ton travail ? Pourrais-tu vivre rien qu’avec mon amour ? Je me plaisais à le penser. Je te voulais toute entière, à moi, rien qu’à moi, que tu sois ma Rangiku. Quel idiot j’ai été… L’amour n’est pas seulement ça, je m’en suis rendu compte trop tard.
Dans mes cauchemars, je revois souvent cette dernière journée, celle qui a réduit à néant mon existence. Le sang et les cris faisaient rage un peu partout. C’était vraiment horrible, je me souviens. J’ai tué Hallibel qui s’apprêtait à achever ton Capitaine. Je ne l’avais jamais vraiment aimée, de toute façon. Puis j’ai aidé les shinigamis, du mieux que j’ai pu, cherchant frénétiquement après tes cheveux roux ou ton ruban rose. Ce gamin, Ichigo Kurosaki, est arrivé assez vite devant Sosuke. Leur combat a commencé, violent et puissant. Ichigo était fort mais Sosuke avait l’avantage. Komamura et Hisagi avaient – non sans mal – éliminé Tôsen, il ne restait plus que lui, mais il était coriace. Il a réussi à avoir Soi Fon et l’humain, Chad. Ils s’en sont sortis mais tout juste. Je me suis retrouvé en face de lui, moi aussi. Il était furieux que je le trahisse, il n’y est pas allé de main morte. J’ai failli laisser un bras dans cette histoire. Heureusement, papy Yama et les autres sont intervenus à temps. Tous ensemble, on a rassemblé nos énergies pour frapper un seul coup. Sosuke a été pulvérisé. La guerre était finie.
Je me souviens très bien après. Les blessés les plus graves ont été évacués et soignés en urgence, comme cet Ichigo à qui l’on devait tant. Il n’a pas survécu, lui. Enfin, pas en tant qu’humain. C’est un shinigami à part entière, maintenant. Il remplace Aizen au siège de la cinquième division. Et il a épousé Kuchiki Rukia. Je le sais, j’ai été invité au mariage. Mais j’ai décliné l’invitation… Je déteste les mariages, de toute façon. Tu le sais, n’est-ce pas ? J’en suis sûr. Tu ne m’en as jamais parlé mais je me rends compte maintenant que ça t’aurait comblée de joie et que tu en rêvais de ce kimono blanc et de ce bouquet de roses. Quel idiot j’ai été ! Quel idiot je suis, Rangiku !
Tu sais, ça va te paraître idiot ou difficile à croire mais je t’aime. A ma façon, avec maladresse et orgueil mais les sentiments sont là… Je sais que ça t’a fait tenir durant ces deux années de cauchemar, cette foi en mes sentiments, cette flamme qui brûlait dans ton cœur et qui me réchauffait tant. J’ai tout gâché entre nous, c’est vrai. Et je n’espère même pas un pardon de ta part, je ne le mérite pas. Tous m’ont pardonné, même ton Capitaine, et j’ai même été accueilli en héros mais… sur le coup, je n’ai rien ressenti. Rien. Ni joie, ni fierté, ni même soulagement. Juste de la frustration et un énorme sentiment de vide. De manque. Parce que toi, tu n’étais pas là, à mes côtés à me sourire ou à me féliciter comme dans mes rêves les plus fous. Le problème avec les rêves, Rangiku, c’est qu’ils ne se réalisent pas souvent.
Cette vision me hantera toute ma vie. J’errais sur le champ de bataille, à la recherche de survivants, en aidant les blessés du mieux que je pouvais. J’ai trouvé Izuru à deux doigts de la mort, je me rappelle. Heureusement que le vice capitaine Isane a pu le sauver à temps. Je ne la remercierais jamais assez pour ça, d’ailleurs. C’est vraiment une chic fille, même qu’elle a tapé dans l’œil à Izuru. Lui, il ne m’a pas invité à son mariage. Il me connaît trop bien. Mais le pire souvenir, ça été après Izuru… Quand je t’ai retrouvée.
Ton ruban rose était devenu rouge, maculé de ton sang. Tes cheveux cuivre formaient une auréole autour de ta tête, comme une déesse. Ta peau blanche était aussi froide que la glace avec laquelle ton Capitaine se bat. Tes lèvres blafardes étaient entrouvertes et tes yeux grands saphir ouverts… Tu es morte les yeux ouverts, Rangiku.
Je ne me rappelle plus de rien après. J’ai dû m’évanouir. Le Capitaine Unohana dit que je m’étais blotti contre toi, te serrant de toutes mes forces contre mon cœur et qu’il a fallu trois shinigamis pour t’arracher à mon étreinte. Je ne voulais pas te quitter. J’ai été pris d’une fièvre qui m’a fait délirer pendant deux semaines. Tous étaient persuadés que j’aillais y rester. Mais je suis revenu. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que j’ai loupé ton enterrement, mourant comme j’étais. Je ne suis allé à ta tombe qu’un mois après… Je n’ai pas eu le courage avant. J’espère que tu pardonneras le lâche et misérable que je suis, Rangiku… Non, en fait, je n’espère plus… Mon espoir, mon âme, mon cœur sont morts avec toi. Je ne suis plus qu’une coquille vide qui attend son heure. L’heure à laquelle je pourrais te rejoindre… Et encore, m’auras-tu attendu ? Encore une fois ? Malgré tout ce que je t’ai fait subir ? Je n’espère plus mais j’attends… J’attends de te revoir, avec tes yeux de saphir, ton sourire de princesse, tes cheveux de cuivre et ta gaieté naturelle. Je t’attends…
Je suis allé sur ta tombe pour y déposer des jonquilles, ce matin. C’était ta fleur préférée quand nous étions gamins, tu te rappelles ? C’est drôle comme ces petits détails me reviennent, maintenant que j’y repense tout le temps. Je te vois partout, ton visage qui me sourit, tes lèvres qui m’embrassent, ta voix qui chante notre amour… Deux ans, c’est trop long. Tiendrais-je jusque là ? Je ne sais pas.
Tu me manques. Tu me manques, Rangiku. Tu me manques affreusement…
Je t’aime,
Ton Gin