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[personal profile] kandai_suika
Titre : Avalon
Chapitres : 4/4
Auteur : [personal profile] kandai_suika
Fandom : X-Men: Days of Future Past
Personnages/Couple : Raven Darkholme, Erik Lehnsherr/Charles Xavier.
Genre : Hurt/Comfort, Famille.
Rating : PG
Disclaimer : Stan Lee, Jack Kirby, Bryan Singer.
Warning : Mort de personnage sous-entendue.
 
Résumé : Une dernière rencontre entre de vieux amis, avant l'ultime carrefour. || (the dark future)
 
Note : Originellement posté en octobre 2014. Non relu.
Continuité : Fallen Kings verse. Préquelle de Romulus.
Taille : ~2,600


(la plus importante leçon que le Diable vous apprend, c’est que vous pouvez vous libérer des restrictions qui vous enchaînent à n’importe quel moment)


Mystique les voit pour la dernière fois après avoir vu l’Institut brûler sur toutes les chaînes de télévision.

C’est une éventualité à laquelle elle est préparée depuis longtemps, depuis que les agents de Trask – longtemps décédé mais toujours présent, hantant sa mémoire comme un cauchemar familier – ont marqué dans sa chair qu’aucun endroit n’était plus sûr, pas même les derniers retranchements de son corps, des plis de sa peau qu’elle aurait juré inviolables. Peut-être est cette leçon impitoyable qui l’a à jamais éloignée de son frère car qui pourrait encore faire confiance à quelqu’un capable de déchirer votre esprit et d’en mettre les plus intimes parties à nu après le genre de tortures qu’elle a subie ? Elle connaît Charles mieux que personne ; elle est la première à savoir que sa compassion, si éternelle paraisse-t-elle, a des limites en lesquelles elle n’a pas confiance. S’il a eu des réserves face à sa froideur, Charles n’a jamais mis de mots, mentaux ou physiques, dessus et elle a toujours veillé à se montrer reconnaissante, presque pour se protéger d’une trahison jamais venue – il est loin le temps où elle est apparu petite fille sur le carrelage impeccable de sa cuisine, capable de faire confiance à n’importe qui lui montrerait un peu de compassion.

Mais son frère n’a pas besoin de la distance polie avec laquelle elle le gracie la plupart du temps, pas plus que la cordialité qu’ils essaient tous deux de maintenir avec ardeur depuis San Francisco – beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis mais leur équilibre a toujours été précaire, assez fragile pour que leurs énièmes disputes le fassent basculer trop vite. Il n’est plus question de ce genre de fragilité, à présent. Aujourd’hui, alors que le fantôme de Trask a consumé le dernier de ses rêves, il a besoin d’un visage familier et d’une épaule pour y cacher ses yeux fatigués. Il a besoin de quelqu’un qui n’attendra pas de réponses, qui ne lui en voudra pas s’il abandonne son visage de Professeur omniscient, au moins quelques secondes.

Elle glisse à travers la foule, ignorant superbement les X-Men qui ont choisi de rester avec lui, malgré la précédente insistance pour qu’ils se séparent. Son frère avait des plans, aimait se dire être paré à l’éventualité de leur démembrement mais c’est une autre chose que d’être mis face à une réalité aussi horrifique que la leur, que de devoir agir en sachant très bien que la moitié des plans de secours ne fonctionneront pas parce que ce qui leur est tombé dessus est plus terrible que les pronostics l’avaient annoncés.

Erik est à ses côtés, évidemment. Les deux hommes sont inséparables depuis que ce dernier est revenu à l’Institut et si elle est la première à avoir soufflé « enfin », elle doit admettre que les voir si proches après tant d’années passées à tenter de s’entre-déchirer lui donne l’effet d’un tableau curieusement déformé, un genre de moquerie de ce qui aurait pu être et n’a jamais vraiment été, même pas depuis que les deux abrutis ont décidé de passer le reste de leurs jours à roucouler dans leur nid.

Enfin, la relation de son frère avec Erik ne la regarde pas, tout comme le passé brisé qu’elle partage avec Erik ne regarde pas Charles ; après le cataclysme qu’a été San Francisco, la mort de Charles et sa guérison forcée, ils ont passé de longues heures à définir les limites de ce qui était acceptable de remettre sur le tapis ou non – Kurt, le fauteuil roulant et Trask sont hors limites tout comme l’est la caresse qu’Erik égare sur les doigts de Charles ou le regard coupable qu’il a pour elle – et Mystique n’a aucune envie de tout foutre en l’air parce que l’inclinaison que son frère a de pardonner les fautes même les plus atroces d’Erik Lehnsherr la dérange.

Ce qui est bien hypocrite de sa part, elle le conçoit parfaitement, car Charles lui a pardonné beaucoup de ses fautes à elle aussi mais Mystique n’a jamais prétendu être une sainte, à peine ose-t-elle reprendre son titre de sœur quand elle en a besoin, comme c’est le cas aujourd’hui.

Le Professeur tourne un regard embué vers elle et sans un mot, ouvre les bras. Une invitation qu’elle ne songe même pas à refuser, cherchant avec avidité le réconfort d’une étreinte qu’elle a nié trop longtemps. Contre ses écailles, le cœur du télépathe bat avec insistance, achevant de lui enlever le poids qu’elle porte sur le sien depuis qu’elle a vu le manoir en flammes sur les écrans : Charles est vivant, il va bien, il n’a rien.

Charles est vivant. Elle peut respirer.

— Ma chérie, souffle son frère dans son oreille et c’est avec davantage de soulagement que la détresse qu’elle attend, tu nous as inquiétés.

— Tu sais qu’il n’y avait pas de quoi, répond Mystique, légèrement amusée – si Charles a encore assez de cœur pour entrer dans son mode de papa poule enragée, un rôle qu’elle le laisse assumer encore de temps à autre malgré leur distance, c’est qu’il va mieux que ce qu’elle craignait. Je suis une grande fille, Charles, je peux prendre soin de moi.

— Oh, je le sais, lui assure le vieil homme plein d’une suffisance qu’elle aurait jugé insupportable un autre jour mais qu’elle sait n’être qu’une façade bien creuse à la lumière des évènements récents. Mais tu ne m’empêcheras pas de m’inquiéter, j’en ai peur. C’est mon privilège.

Un privilège qu’il se sait posséder uniquement parce qu’elle daigne le lui accorder, pense-t-elle en levant les yeux au ciel. Il a appris de ses erreurs, son cher grand frère, et si aujourd’hui il y a des années de rancœur, de non-dits et de fausses accusations entre eux, c’est uniquement parce que ça les arrange bien de fonctionner ainsi ; toute tentative pour ramener la lumière sur leurs passés se solderait par un échec.

Elle se doute qu’il est tenté, comme elle est tentée elle-même de renvoyer aux vielles cicatrices qu’ils se sont infligées – mais elle doit admettre qu’elle a perdu ses passe-droits depuis belle lurette, entre deux tentatives d’assassinat et de multiples abandons à une mort certaine. Mystique aurait été à la place de Charles qu’elle ne lui aurait probablement jamais pardonné ; c’est très certainement pour ça qu’elle n’est pas à la place de Charles d’ailleurs. Sur ce plan-là, il est meilleur qu’elle-même s’il n’a rien du saint homme que tous ses X-Men se plaisent à dépeindre.

Ce qui l’amène à la seconde raison de sa venue.

— Il faut réagir, Charles, annonce-t-elle sombrement en se dégageant de son étreinte. Tu vois jusqu’où ils sont prêts à aller maintenant qu’ils ont leur Sentinelles ; ils ne veulent plus négocier. Si nous ne nous soulevons pas maintenant, si nous ne tentons pas quelque chose, nous courons à notre extinction.

Elle garde un œil sur l’expression d’Erik qui s’efforce de rester impassible et réussit plutôt bien son coup, à vrai dire – ou alors, c’est qu’elle se fait bien vieille car elle ne détecte presque plus rien sur son visage ridé, plus rien de la rage qui autrefois aurait pu renverser des gouvernements, juste une lassitude peinée. Ils ont eu trop peu de temps, réalise-t-elle avec fureur, trop peu de temps pour savourer leurs années passées ensemble et Erik n’a même plus assez de colère pour réclamer ce temps à qui de droit, plus maintenant qu’il a obtenu ce qu’il a désiré si longtemps : le cœur de Charles Xavier et ce dernier à ses côtés.

Ce dernier prend finalement la parole, la mine déconfite :

— Je serais venu si le sort des enfants ne dépendait pas de moi, Raven. Tous ne sont pas prêts à mener une résistance et il est de mon devoir d’offrir un nouveau refuge pour ceux qui cherchent simplement à fuir.

Le visage de la morphe se contorsionne, prend une pose grimaçante. C’est, à son humble avis, un gros ramassis de conneries que son lâche de frère d’adoption a concocté pour préserver sa sacro-sainte politique mais – non, ça serait trop facile de penser ainsi. Charles a tué plus d’un humain avec une simple pression de pensées, a déjà prouvé envers et contre tout qu’il ne gardait aucune pitié pour ceux qui s’abaissent à attaquer des enfants. Mystique regarde les visages abattus – jeunes, tellement jeunes – autour d’elle et pense que son frère, s’il n’a pas entièrement raison, fait peut-être ce qu’il convient de faire.

Elle peut se battre pour leur futur si Charles décide de le sauvegarder. Défaite à son tour, la mutante acquiesce :

— Si jamais tu changes d’avis, tu sais où nous trouver.

— Je sais et je te remercie. Prends toutes celles et ceux qui voudront vous rejoindre, du moment qu’ils sont majeurs. Je sais que beaucoup de mes X-Men sont en colère. Je voudrais que cette colère te serve.

C’est… plus que ce que Mystique avait espéré récupérer, à vrai dire. L’idée que son frère la suive au combat n’a jamais été plus concrète qu’un espoir fugace – elle le connaît, après tout, même si elle se devait d’essayer – mais elle peut accepter le compromis pour ce qu’il est. Charles n’en a pas tout à fait fini, toutefois, puisqu’il se tourne vers son compagnon silencieux dont la mine est resté sombre durant toute la conversation.

— Erik, je… je comprendrais que tu veuilles en faire partie.

Mystique aimerait pouvoir dire qu’elle n’est pas surprise par le geste de son frère, par ce qui semble un énième acte altruiste – et peut-être est-ce le cas, peut-être que Charles agit vraiment par désintérêt, avec l’idée qu’Erik devrait rester libre de ce qu’il décide – mais n’est qu’un rappel bien douloureux des choix qui les ont menés à cette ultime carrefour, de ce qu’Erik était et pourrait redevenir s’il prenait la peine de reprendre ses armes. A une époque, Erik aurait sans doute tempêté contre ce paternalisme assommant mais…

Charles lui jette un regard impassible, ce qui fait comprendre à Mystique qu’il a sans doute capté ce fil de pensées ; ça l’aurait fait hurler de frustration à l’époque mais aujourd’hui, elle relève fièrement le nez. Il y a bien longtemps que ses pensées ne lui font plus honte : que Charles les lise et s’il s’y brûle, tant pis pour lui. Celui-ci lèvre les yeux au ciel, visiblement blessé.

— Très bien, Raven, si c’est vraiment ce que tu penses, je vous laisse en discuter sans moi.

Le Professeur s’éloigne avec brusquerie, laissant les deux anciens membres de la Confrérie fixer son dos rigide d’un air consterné.

— Penses-tu vraiment que ce soit le moment de le vexer ? soupire finalement Erik et pour une raison parfaitement compréhensible, cela l’agace profondément.

— C’est de sa faute s’il vient mettre son nez dans ma tête, rétorque la chef de la Confrérie en croisant les bras. Et puis je ne peux pas être la seule que son attitude perturbe, non ? Il te traite comme un gamin.

— Tu es dure. Ne prétends pas que sa question n’était pas pertinente.

— Il y a pertinence et condescendance, Erik.

L’interpellé soupire profondément et lève les yeux au ciel, comme s’il était confronté à quelque épreuve particulièrement fatigante.

— Raven, mets-toi à sa place. Il vient de voir sa maison d’enfance brûler, ses étudiants sont dispersés, démunis et sa sœur vient de lui annoncer très clairement qu’elle compte prendre le sentier d’une guerre dont elle ne compte pas revenir. La dernière chose dont il a besoin serait de me voir partir avec toi – ne penses-tu pas qu’il a gagné le droit d’être maladroit en affirmant qu’il me laissera partir si je le décide ?

Est-ce l’âge, la vie de couple ou le fait de côtoyer un télépathe d’aussi près qui a rendu Magneto si empathique ? Allez savoir. Cette clairvoyance nouvellement trouvée pourrait ne s’appliquer qu’à Charles, pour tout ce qu’elle en sait.

Elle sait aussi qu’Erik a raison. Son frère est fragile et comme une idiote, il a fallu qu’elle enfonce le couteau dans la plaie béante et ajoute du sel dessus. Évidemment qu’il a peur de perdre le peu qu’il lui reste. Évidemment qu’il a envie qu’Erik reste auprès de lui. Mais c’est le geste qui compte, n’est-ce pas ? S’il était capable de les laisser partir à Cuba, il pourra sans doute le refaire aujourd’hui, même si cela doit achever de lui piétiner le cœur.

— Quelle conne je suis, marmonne-t-elle, furieuse soudain contre elle-même.

— Vous êtes ce que vous êtes, Mystique, répond Erik, philosophe. Si les humains avaient frappé dix ans plus tôt, peut-être qu’il n’aurait pas eu de réserves mais après Jean… tu sais qu’il n’a plus jamais été tout à fait le même.

— Je me souviens. Mais toi ? Tu me suivrais ?

Elle connaît la réponse avant de l’avoir lue sur le visage ridé. A dire vrai, elle la connaît depuis que Charles a secoué la tête. Peut-être que si elle était venue vers Erik quand celui-ci a quitté le Manoir pour retrouver ses pouvoirs, peut-être y aurait-il eu quelque chose de son ancien leader à sauver.

Aussi frustrée qu’elle se retrouve par les réponses de son frère et de son vieil ami, Mystique peut admettre qu’elle est contente de savoir qu’ils ne se sépareront plus. Ils méritent au moins de finir leurs jours ensemble, si ce n’est heureux.

— Tu sais que je l’aurais fait, admets Magneto, visiblement peiné, mais pas si cela m’éloigne à nouveau de lui. J’ai déjà vécu cette vie là des dizaines de fois, Mystique. Cette fois-ci, je veux choisir l’autre chemin.

— Je sais, acquiesce la mutante – elle comprend presque ce besoin viscéral de rester auprès de quelqu’un, elle comprend l’importance de Charles pour Erik – elle aurait simplement souhaité qu’ils puissent vivre une autre réalité que cet enfer qu’elle a tenté de stopper dans les années soixante-dix.

Il ne sert à rien de spéculer, cependant.

— Tu veilleras sur lui ? ajoute-t-elle après un silence.

— Autant que tu veilleras sur tes hommes. Tu es un chef capable, Mystique. Je sais que si nous devons obtenir une victoire, tu feras de ton mieux pour nous l’apporter.

A cela, la mutante sourit. Elle n’a jamais pardonné à Magneto son abandon mais elle doit admettre dans ses meilleurs jours que sa compagnie lui manque, si ce n’est son conseil. Erik n’est pas du genre à distribuer des compliments inutilement et s’il croit en elle, alors il y a peut-être quelque chose à espérer de la guerre qui s’annonce.

— Au revoir, Erik, marmonne la morphe en lui tendant la main – une main qu’il serre avec force – avant de se détourner de son ancien mentor. Elle gardera ses adieux et ses excuses pour Charles, lorsqu’il sera l’heure de partir. Pour l’instant, il lui faut trouver Pyro et rassembler leurs recrues…

… mais c’est un autre visage que celui de son second qui apparaît face à elle, une face à laquelle elle se refuse de penser depuis longtemps mais qui lui bloque la voix dès qu’elle s’impose à elle.

— Vous êtes saine et sauve, murmure l’homme que son fils est devenu et oh, à quel point il lui ressemble lorsqu’il lui tend ainsi les bras, confiant et cherchant désespérément son contact, à l’image du nourrisson dont elle garde quelques souvenirs rares mais chéris, les meilleurs souvenirs de sa vie bien longue.

— Bonjour, Kurt, souffle Raven en rendant son étreinte à son fils.

La Confrérie attendra bien deux minutes.


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