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Note : Originellement posté en mars 2013. Non relu.
Continuité : Captain America: The first avenger, Iron Man I et II, reprend quelques éléments d'Avengers.
Taille : ~1500

[Partie I - I] [Partie I - II] [Partie I - III] [Interlude] [Partie II] [Épilogue]


Now wait, wait, wait for me, please hang around
I'll see you when I fall asleep. 

Attends, attends, attends-moi, s’il ne plaît ne t’éloigne pas
Je te verrai une fois endormi.


Épilogue
| STEVE |


— Capitaine Rogers ?

C’était le bruit qui l’avait tiré de sa torpeur.

La mort était censée être paisible, sans son ni couleur. Ses yeux s’étaient fermés une dernière fois sur du blanc et du bleu, la voix de Peggy avaient fait écho dans ses oreilles et il avait cessé d’exister quand l’eau glacée avait finalement envahi ses poumons. Alors pourquoi, après le silence et la nuit, entendait-il à nouveau ces sons lointains qui ressemblaient à des voix ? Intrigué, il fronça les sourcils et battit des paupières.

Le blanc l’assaillit sans lui donner de répit et il referma rapidement les yeux, dans l’espoir de se protéger de l’agressive lumière qui flottait au-dessus de lui. Son mouvement lui arracha malgré lui un grommellement de douleur que sa gorge desséchée parvint à expulser hors de ses lèvres gercées. Il n’avait pas mal, étrangement – tout semblait distant, comme s’il était plongé jusqu’au nez dans un bain tiède.

— Capitaine Rogers ? demanda une voix féminine qui résonna longtemps dans ses oreilles encore bourdonnantes du bruit des hélices défectueuses et des injures que Skull avait proférées avant de disparaître dans le bleuissement du cube cosmique.

Sans le vouloir, Steve tendit sa main engourdie et rencontra du vide – un air tiède, presque chaud qui n’était pas sans rappeler les hivers de son enfance, tous passés à se pelotonner contre les poêles au charbon pour gagner un peu de chaleur, tout en priant pour ne pas attraper les pneumonies qui traînaient dans les rues.

Mais le sérum l’empêchait d’être malade, n’est-ce pas ? Pourquoi son corps tremblait-il comme s’il couvait une mauvaise fièvre ?

Des doigts courts attrapèrent son poignet avec douceur, se refermèrent dessus, un pouce se glissant contre sa paume dans un geste évident de réconfort qui ne parvint cependant pas à remplir sa mission. Au contraire, un tel geste, si inattendu, acheva de faire frire ses nerfs.

Juste, où était-il ?

— Tout va bien, soldat. Mission accomplie, vous êtes en sécurité, maintenant.

Mission accomplie. Les mots se gravèrent dans un esprit, apaisant une tension dans ses muscles dont il ignorait l’existence. Mission accomplie. New York était sauvé, Skull avait été mis hors d’état de nuire – c’était tout ce dont il avait besoin de savoir pour cesser de lutter contre le léger mal de tête qui l’avait pris au corps. Sur son poignet, les doigts s’étaient fait aérien, le contact presque disparu et Steve se retrouvait soudain pris d’une violente envie de tirer cette main rassurante vers lui, de chercher la sensation chaude qui déjà s’enfuyait, cela faisait si longtemps, les glaces, le froid et l’eau gelée, s’il vous plaît – 

— Tout va bien, répéta à nouveau la femme. Vous êtes en sécurité. Tout va bien.

Il y avait quelque chose de dissonant dans ce que l’inconnue disait, entre le ton suave et la conviction qu’elle mettait dans ses mots. Quoique rassurant au départ, le décalage eut tôt fait d’instaurer un profond sentiment de malaise au creux de ses viscères remuantes. Fait étrange, Steve sentait un mal de tête étranger cogner sans douceur sur le coin de son cerveau.

Ou peut-être était-ce la faute à cette fatigue écrasante qui semblait peser sur tous ses os, si renforcés fussent-ils par le sérum magique d’Erskine. Cela devait être la récompense de tous les trompe-la-mort ; l’idée le fit grogner de mécontentement et soulagement à la fois.

Il était vivant.

Enhardi par cet état de fait, Steve s’encouragea, avec plus de lenteur cette fois-ci, à rouvrir les yeux et à finalement affronter le monde extérieur.

Sans grande surprise, il se retrouvait allongé dans un lit d’hôpital.

Les murs étaient d’un blanc propre, couleur ô combien honnie durant son enfance quand les mois se divisaient trop aisément entre le temps qu’il passait dans et hors des hôpitaux ; la familiarité s’arrêtait cependant là. L’aspect de la chambre où on l’avait placé respirait une étrangeté, un décalage subtil qu’il ne parvenait pas à expliquer mais qui lui donnait envie de hurler au piège.

Un raclement de gorge discret attira son attention sur l’autre présence dans la pièce : une infirmière, si on en jugeait par son uniforme, qui lui souriait poliment et lui demandait comment il se sentait. Elle paraissait sincère, peut-être un peu trop, et ce fut peut-être pourquoi, au lieu de lui répondre, il demanda :

— Où suis-je ? croassa-t-il, un malaise grandissant dans les entrailles.

Trois minutes plus tard, il démolissait les murs blancs de la fausse chambrette d’hôpital (piège ! hurlait son esprit déjà alerte) et se frayait tant bien que mal un chemin parmi les immenses couloirs du bâtiment dans lequel il était retenu prisonnier. Partout sur son passage, des mains essayaient de l’attraper, des jambes tentaient de gêner sa progression – tous faisant montre d’une passivité étrange, sans doute sous l’instruction de ne pas lui faire de mal. Steve ignorait ce que ces gens lui voulaient ni où il était et ce qui lui était arrivé mais son instinct lui hurlait que quelque chose ne collait pas avec l’histoire que lui avait raconté la fausse infirmière.

Impression confirmée quand il se retrouva dehors, pieds nus dans… dans… était-ce une rue ? Tout était si grand – Steve stoppa net sa course et regarda autour de lui, effrayé par l’immense tableau qui s’offrait à lui.

Juste… était-il ?

Il y resta trop longtemps, à tenter de récupérer ce qui lui restait de raison, car moins d’une minute après son irruption à l’air libre, il était à nouveau encerclé, par une rangée d’hommes en noir sortis de voitures de même couleur. Le seul détail qui détonnait dans cette masse vaguement menaçante : un homme d’âge moyen aux cheveux bruns et à la veste lilas qui parlait en faisant de grands gestes dans… une petite boîte posée contre son oreille ?

— Non mais je vous avais dit que ça n’allait pas marcher, putain – mais non, amenons Captain America à Manhattan et laissons-le croire que rien n’a changé depuis 1945. A votre place, je l’aurais directement balancé sur les ruines du World Trade Center, ça aurait presque – eh non, ne commencez pas avec vos Stark parce que c’est de votre faute, tout ce bordel, et vous pouvez bien me remercier de bien vouloir vous dépanner sur ce coup-là. C’est à se demander comment vous arrivez à faire tourner votre boutique, Fury, parce que vous avez autant de jugeote que de poils sur le crâne.

L’étranger se tourna finalement vers lui et – ces yeux ? Ce menton ? Il connaissait cette structure faciale et des yeux de forme semblable ; par Dieu, il connaissait cet homme en costume mauve qui lui adressait subitement un pâle sourire et avançait sans complexe, comme s’il avait fait ça toute sa vie.

— Repos, soldat, il n’y a rien à craindre. Désolé pour la mascarade mais certains ont pensé qu’il valait mieux tenter de vous annoncer la nouvelle avec douceur : pas une mauvaise idée, si vous voulez mon avis, mais vous amener à New York comportait un facteur de risque plutôt ridicule et…

Steve ne pouvait plus penser à rien. Rien d’autre que cette bouche qui parlait, cette voix grave qui se lançait sans invitation dans une longue tirade à propos dont il ne comprenait pas la moitié des implications, rien d’autre que cette proximité étrange et étrangère, tout en cet homme qu’il n’avait jamais vu de sa vie et qui pourtant criait un prénom chaleureux et chéri.

— Eh, tout va bien, soldat ?

— Je… oui, je… c’est… Howard ?

Le petit sourire se changea subitement en grimace et plus que tout le reste, ce fut l’expression sombre sur le visage inconnu mais pourtant si familier qui acheva de le convaincre que tout cela ne pouvait pas être un rêve.

— Pas tout à fait, Capitaine. Nous sommes en l’an 2010. Vous avez dormi dans les glaces du Pôle Nord pendant plus de soixante-dix ans.

Le silence brisa l’étrangeté.

Steve cligna stupidement des yeux, foudroyé. Oh. Oh. Certainement, c’était un rêve – ou plutôt, le plus horrible de tous les cauchemars ou alors il était réellement mort et ce devait être l’Enfer ou la damnation éternelle, qu’en savait-il.

Face à lui, l’étranger semblait suivre son chemin de pensée car il poussa soudainement un long soupir entre soulagement et frustration, accompagné ensuite d’un sourire un peu fatigué mais porteur d’une étrange sérénité, comme s’il avait face à lui l’image de ce qu’il avait cherché toute sa vie.

— Je m’appelle Tony Stark. Howard était mon père.

Inconsciemment, Steve lui rendit un pauvre sourire.


 Don’t listen to a word I say
The screams all sound the same
Though the truth may vary
This ship will carry our bodies safe to shore. 

N’écoute pas un mot de que je dis
Les cris résonnent tous pareillement.
Même si la vérité peut changer,
Ce bateau amènera nos corps à bon port.

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