kandai_suika: (Default)
Kandai ([personal profile] kandai_suika) wrote2012-12-08 09:50 pm

[fic] La Maison des morts (interlude #2)



Titre
: La Maison des morts
Auteur :[personal profile] kandai_suika
Fandom : Sherlock '09
Personnages/Couple : Sherlock Holmes/John Watson, John Watson/Mary Morstan
Genre : angst, dark
Rating : PG-13
Disclaimer : Arthur Conan Doyle, Guy Ritchie
Warning : Mort de personnage canonique. Maladie terminale. Hallucinations. Tentative de suicide.

Note : Originellement posté en décembre 2012. Non relu.
Continuité : The Great Hiatus UA. Spoilers du deuxième film.
Taille : ~2,300

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Interlude.

i n c r o y a b l e


Non non ce sont des feuilles mortes
Ce sont les mains des chères mortes
Ce sont tes mains coupées

Rhénane d’automne – Apollinaire, Alcools.

Holmes,

Cela fait une semaine que je vous ai enterré et pourtant, je vous ai entendu me réveiller ce matin. Si c’est une farce, je ne trouve pas ça drôle. Quand je lui ai parlé, Mary a haussé les épaules avant de me regarder avec pitié – c’est insupportable, pourquoi diable ai-je épousé cette femme ? Je vais finir par croire que vous aviez raison à propos de ce mariage, je vous entends déjà ricaner dans votre coin. Cessez d’être si puéril, Holmes. Pourquoi ne venez-vous pas me dire en face à quel point j’avais tort et vous délecter de ma misère, puisque vous savez si bien le faire et que vous ne vous trompez jamais, espèce d’insupportable –

Ah, j’oubliais. Vous êtes mort.

Cela explique pourquoi vous n’êtes pas venu prendre le thé avec nous. A moins que vous ne soyez toujours fâché ? Grandissez un peu, Holmes, ces substances étaient dangereuses et vu votre nervosité, comment peut-on me reprocher de m’assurer que vous ne consommiez plus ces horribles choses ? Comment osez-vous dégainer mon amitié, Holmes ? Je ne souhaite que votre bien. Vous n’avez pas le droit de me traiter comme vous le faites. Vous êtes insupportable !

Vous me manquez.

Je vous en prie, venez prendre le thé à Cavendish Place. Mary a fait des confitures. J’ai envie de vous revoir.

Sincèrement,

John H. Watson

PS : Les morts ne peuvent pas se droguer, je sais. J’ai quand même jeté les fioles. Au cas où vous reviendriez.


Holmes,

Avant-hier, nous sommes allés sur votre tombe, Mary et moi. Elle est belle, votre tombe, aussi immaculée que les plumes d’un ange. Êtes-vous tombé au paradis en dégringolant cette cascade, Holmes ? Je parie que oui. Vous êtes un homme de bien, même si vous avez parfois autant de maturité qu’un gamin de quatre ans – et oui, je dis ça à cause de cet après-midi. Vous auriez pu me prévenir de votre arrivée et s’enfuir comme un voleur alors que je viens vous ouvrir, c’est franchement puéril comme jeu. Vous avez inquiété Mary à ne pas vous montrer : la pauvre enfant ne voulait pas croire que je ne vous avais pas entendu hurler à la porte.

Elle est secouée par votre mort, il faut lui pardonner.

J’espère que vous viendrez prendre le thé avec nous la semaine prochaine. Vous pourrez même rester pour le souper ; je demanderais à Mary de rajouter un couvert. Ca lui remontera le moral de vous voir à notre table. Elle est en deuil, comprenez, mais je ne me souviens plus de qui.

Vous me manquez, vieux frère. J’espère que vous sortez un peu, tout de même. Quand je passe devant Baker Street, les volets sont fermés.

Sincèrement,

John H. Watson

PS : Y a-t-il des énigmes à résoudre ou des criminels à traquer au paradis ? J’espère que oui ; autrement, vous devez vous ennuyer comme jamais. Passez me raconter tout cela, à l’occasion, cela vous distraira.


Holmes,

Je crois que je vous ai vu dans la rue, hier. Vous m’avez vendu un bouquet de roses rouges – elles coûtaient cher et sentaient trop fort. Je suis allé les poser sur votre tombe, j’espère que vous les apprécierez. C’est plutôt embarrassant pour un homme d’offrir des fleurs à un autre homme mais j’imagine que la mort ne fait pas vraiment de différence. Mary n’a pas paru approuver cependant ; je crois qu’elle est jalouse. J’essaie de lui offrir des fleurs plus souvent mais elle les regarde tristement pourrir dans les vases de porcelaine chinoise à la maison. Elle n’aime peut-être pas le blanc, ma Mary, mais j’aime bien la peindre en blanc : cela lui va affreusement.

Il est plus facile de détester les gens quand ils sont laids, on m’a dit.

Savez-vous haïr, Holmes ? Venez m’apprendre, il me reste une bouteille de brandy. Profitons-en : Mary est sortie et je vous entends déjà – vite, vite, à la porte, vous allez bien rapidement et nous n’avons que peu de temps.

Sincèrement,

John H. Watson

PS : Le rouge ne vous va pas du tout non plus, si vous voulez mon avis. Je ne vous aime pas en rouge, ça manque de vie.


Holmes,

Ce matin, j’ai retiré mon alliance parce qu’elle pesait trop lourd à mon doigt. Quand elle a fini par le remarquer et ciel qu’elle a mis longtemps, Mary s’est mise à pâlir et nous nous sommes disputés. J’ai remis cette bague pour lui faire plaisir mais je crois que je l’ai fait pleurer – elle avait les yeux rouges quand elle est sortie. Je ne veux pas blesser Mary, Holmes. Je lui ai acheté des roses blanches pour me faire pardonner mais elle les a jetées à travers la fenêtre quand elle est rentrée. Je crois que la vitre est cassée. Elle est toujours cassée depuis que mes mains font mal.

J’ai frappé à Baker Street mais personne ne m’a ouvert. Madame Hudson devait être sortie. Êtes-vous sur une affaire, en ce moment ? On parlait d’un meurtre dans les journaux. Les enquêtes avec vous me manquent, je dois l’admettre. Le temps est long, quand on compte le mouvement des trotteuses. Si vos merveilleux sens devaient vous faire défaut, sachez que ma porte vous restera toujours ouverte.

Prenez soin de votre tombeau, il est pâlot en ce moment.

Sincèrement,

John H. Watson

PS : Vous aimez les roses rouges, au moins ?


Holmes,

Auriez-vous élu domicile chez moi sans me concerter ? J’ai cru vous apercevoir au coin de mes miroirs toute la semaine. Mary dit que c’est absurde et quand j’essaie de lui prouver que non, elle s’énerve et quitte la pièce en claquant des talons. Je crois qu’elle ne me croit pas. Que ne donnerais-je pour avoir votre pouvoir de persuasion à l’instant ! Peut-être que si vous veniez dîner demain, vous pourriez la convaincre que je dis la vérité ? Cela fait trois mois – quatre ? Dix ? Corrigez-moi si je me trompe – que je ne vous ai plus parlé et vous ne répondez jamais à mes lettres. Quand j’essaie de vous croiser à Baker Street, Madame Hudson me dit que vous n’êtes jamais rentré. Elle pleure quand je passe vous voir, Madame Hudson. J’espère que vous n’êtes pas trop odieux avec elle, Holmes : la pauvre femme est en deuil.

Je vous ai encore acheté des roses rouges. Quelqu’un doit les enlever après mes visites car quand je retourne sur votre tombe, mes bouquets ne sont jamais là. J’espère que c’est vous, le voleur, et que vous en profitez. Baker Street a souvent manqué de fleurs – mais quelle utilité que des roses rouges pour deux hommes seuls ? C’eût été plutôt embarrassant et les gens auraient jasé. Ils jasent déjà, probablement.

Vous me manquez, Holmes. Plus que je ne l’aurais pensé. La prochaine fois que vous venez visiter mes coins de miroir, restez un moment pour discuter. Mary a fait du pudding hier. Elle n’est plus fâchée mais elle reste triste. Ca lui ferait du bien de vous voir – elle pourra jeter son thé sur votre figure. Ca me ferait du bien de vous voir, à moi aussi.

Sincèrement,

John H. Watson

PS : J’insiste. S’il vous plaît.


Holmes,

Ca devient ridicule, cette manie de m’éviter. Quand je l’interroge, Mary refuse de me dire un mot à votre sujet mais elle pince les lèvres pour signifier qu’elle est contrariée – j’espère que vous ne vous êtes pas disputés, Holmes, parce que je ne tolèrerais pas vos caprices d’enfant bien longtemps. Vous êtes toujours là mais vous ne restez jamais. Êtes-vous cruel au point de vous manifester tout en ignorant mes appels ? Baker Street est vide et Madame Hudson m’a jeté dehors, hystérique, arguant que si je revenais encore une fois, elle finirait par perdre la tête. Mary m’a presque grondé et j’ai honte – aucune ne mérite ces pleurs mais est-ce ma faute si je souffre de vos plaisanteries stupides ? Cette partie de cache-cache n’a-t-elle pas assez duré ?

Je veux vous revoir, Holmes. A Baker Street, Cavendish Place, l’opéra, le restaurant, la France, le train vers Brighton, en Suisse au pied de ces chutes maudites, s’il le faut – peu importe. Je veux juste vous revoir. S’il vous plaît.

John H. Watson

PS : Oubliez la Suisse. C’est un horrible endroit et vous pourriez glisser.


Holmes,

Que faites-vous assis dans le fauteuil de Mary ? Sortez-vous de ces coussins hideux et venez prendre le thé, il y a de la confiture de cerise en guise de collation. Attention où vous mettez les pieds, il y a du sang sur le parquet.

John H. Watson


Holmes,

Mary est malade. Elle a bien tenté de me le cacher mais je l’ai vue cracher du sang dans son mouchoir de dentelle ce matin. D’après ce qu’elle m’a dit, cela dure depuis un moment – je n’en ai rien su, vous rendez-vous compte ? Comme je souhaiterais avoir vos talents de déduction. Elle tente de minimiser la chose, arguant qu’elle prend ce que son médecin lui a prescrit et qu’elle essaie de se reposer le plus longtemps possible. Je lui avais acheté un bouquet de roses blanches pour garnir notre chambre mais je l’ai jeté parce que je sais qu’elle n’aime pas ces fleurs-là. Elle me sourit quand elle a du courage, ma Mary, mais elle s’affaiblit de jour en nuit.

L’inconvénient d’être médecin, Holmes, c’est qu’on sait facilement reconnaître les cas désespérés.

Je n’ai jamais autant haï ma profession.

Sincèrement,

John H. Watson

PS : J’ai perdu mon alliance. Si vous n’êtes pas trop pris par vos enquêtes, pourriez-vous m’aider à la retrouver ?


Holmes,

Mary est morte dans la soirée. On l’enterre jeudi matin.

J’aimerais que vous soyez là pour m’aider à pleurer.

Pourquoi faut-il que les gens que j’aime m’abandonnent tour à leur tour ?

John


Holmes,

J’ai vu Mary. Je vous ai vu aussi et vous vous parliez, je crois. Si j’avais su que vous deviendriez amis, j’aurais évité de vous présenter. De quel côté êtes-vous ? – Et ne répondez pas des morts, je sais cela parfaitement ! Me répondrez-vous quand je vous parle de mon épouse ? Depuis quand êtes-vous amis, vous qui la détestiez ?

La mort peut faire ce genre de choses, j’imagine.

Je souhaiterais qu’elle puisse aussi vous ramener.

John

PS : Je deviens fou, n’est-ce pas ?


Holmes,

Je suis sorti aujourd’hui. J’ai trouvé un violoniste et je lui ai donné une des partitions que vous aviez composée avant de la jeter. La mélodie n’est pas pareille, les notes ont sonné faux et ce musicien ne vous ressemble pas du tout. J’ai cru vous voir au coin de la rue mais quand je suis arrivé, vous avez disparu. Êtes-vous perdu, Holmes ? Rentrons ensemble, si vous le voulez bien.

Je suis perdu, moi aussi.

Je crois que c’est à cause de vous.

John

PS : Mais vous me manquez toujours.


Holmes,

Je deviens fou.

Je deviens fou et c’est de votre faute.

John


Holmes,

Pourquoi ne pas m’avoir laissé partir ? Pourquoi m’avoir abandonné ? J’aimerais que vous soyez là pour m’expliquer ou peut-être pour me regarder pleurer tout ce que je sais.

Je ne sais plus rien, Holmes, et dans votre coin, vous ricanez.

J’aimerais que vous soyez mort.

John

PS : Oh. Je ne voulais pas dire ça. Ne m’en voulez pas.


Holmes,

Je crois que je vous –


Le reste de la lettre est déchiré.


Holmes,

J’ai dit adieu à Baker Street. Madame Hudson doit se douter de quelque chose, à moins qu’elle ne vous pleure encore ? Le soleil est beau dans nos anciens quartiers : pourquoi fermiez-vous toujours les rideaux, vieille branche ? Ca vous allait bien, la lumière, ça vous rendait vivant. J’aurais aimé avoir pu vous dire ça. J’aurais aimé avoir eu le courage de vous dire tellement de choses mais c’est trop tard – sauf si vous êtes là quand je vous rejoindrais.

Je pense que ça sera pour bientôt. Je ne tiendrais plus très longtemps.

Gardez-moi quelques affaires, là-haut.

John

PS : Ou revenez.


Holmes,

C’est la fin, je crois. Minuit sonne dans moins d’une heure.

S’il vous plaît, restez près de moi ce soir. Je ne veux pas mourir tout seul.


Espère que tu sais ce que tu fais. M.


LE DERNIER MEMBRE D’UN RÉSEAU DE MALFAITEURS ENFIN ARRÊTÉ !

SHERLOCK HOLMES REVENU D’ENTRE LES MORTS !

Tous les détails en page trois !


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