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Titre : Par le feu
Auteur : [personal profile] kandai_suika
Fandom : Avatar : Le dernier maître de l'air
Personnages/Couple : Sokka, Zuko, Aang
Genre : angst
Rating : PG-13
Disclaimer : Michael Dante DiMartino, Bryan Konietzko
Warnings : mort de personnage
 
Note : Originellement posté en novembre 2011. Non relu.
Continuité : Divergence du dernier épisode.
Taille : ~1,800

[Chapitre précédent]


 « Oui, je sais. Tu as changé. »
Sokka


On n’enterrait pas les Maîtres du feu. On brûlait leur corps sur un bûcher funéraire avant de lancer leurs cendres haut dans le ciel par un jour de grand vent. La tradition voulait qu’en procédant ainsi, ils restent à jamais près du soleil et que leurs esprits finissent par devenir les étoiles. Et on leur construisait des mémoriaux, pour tout de même se souvenir d’eux, garder un minuscule lien avec la terre, un lien que le monde entier partageait.

Des cendres tu es né, aux cendres tu retourneras.

Des gens de la Nation du feu leur avaient expliqué tout ça avec une gravité désinvolte, juste avant la crémation de Zuko. Pour qu’ils aient une idée de ce qui l’attendait, pour ne pas qu’ils soient trop touchés ou choqués par la cérémonie qui allait se dérouler, pour qu’ils sachent que cela allait être dur mais qu’il fallait continuer, malgré tout, continuer

Sokka savait que cela ne diminuerait pas l’horreur de voir ce qui avait jadis été leur ami partir en cendres dans un brasier éternel. Il avait secoué lentement la tête à la fin des explications, incapable de trouver les mots pour exprimer cette colère, cette rancœur qu’il grandissait contre le monde entier.

Mais qu’est-ce qu’ils espéraient, à la fin ? Ils avaient enfin remporté la victoire promise, ils avaient réussi… et au faîte de leur triomphe, on leur avait brutalement enlevé un membre. Alors qu’ils voyaient la paix se profiler, voilà que Zuko était parti, resté en arrière, arraché à tout jamais. C’était vrai qu’il n’avait pas fait vraiment partie de leur bande très longtemps mais aussi court que ce temps là avait été, c’était le temps où leur groupe avait finalement été complet. Où chacun, à force d’efforts, avait fini par trouver sa place dans ce monde, avait fini par se trouver soi-même.

Non pas grâce à soi mais bien grâce à ces autres qui n’étaient rien de plus que les membres d’une machine assez grande pour changer la face du monde. Une machine dont ils faisaient tous partie, à parts égales, sans le savoir réellement, sans en avoir conscience.

Jusqu’à ce qu’on leur enlève Zuko.

Qui l’eût cru ? Qui aurait cru que Sokka puisse apprendre quelque chose de Zuko, de ce Prince déchu, si révolté contre le monde qui l’avait blessé au-delà de ce que la haine pouvait exprimer, si désespéré de se trouver lui-même et de donner sens à ses actes et ses croyances ? Qui aurait cru qu’il se sentirait un jour proche de ce garçon qui lui semblait opposé en tous points ?

Zuko l’avait aidé à retrouver son père et celle qu’il aimait. Zuko l’avait mis face à son propre échec et lui avait dit, avec sa voix grave qui semblait venir du plus profond de son cœur écorché : « Tu échoueras, encore et encore. Mais tu dois malgré tout essayer. »

Zuko lui avait appris la persévérance et la force de la volonté. Et Sokka n’avait pu que se sentir légèrement honteux devant les yeux dorés qui le regardaient avec tellement de confiance, tellement de force qu’il lui était impossible d’avoir des doutes ou de manquer de foi. Il avait traversé des crises, avait eu des périodes sombres mais devant ces yeux si lumineux qui avaient tant vu et qui avaient tant souffert – l’énorme cicatrice rougeâtre qui déformait la moitié du visage du fils du feu lui rappelait sans cesse combien la vie du Prince avait été dure, plus que tout ce qu’il pouvait imaginer – il s’était senti minuscule.

Il avait gagné plus que le retour de son père et de la jeune femme qu’il aimait, plus que la réunion de sa famille, ce jour-là. Il avait gagné un ami – un frère – et il se souviendrait toujours du visage surpris puis souriant de Zuko lorsqu’il avait trouvé le courage de l’appeler ainsi, bien plus tard dans la soirée qui suivit – mais ça, s’il s’en souvenait, c’était surtout parce que le maître du feu souriait si peu souvent que cela lui avait coupé les mots.

Il y avait si longtemps que le groupe avait accepté le fait que leur destin et celui du Prince de la Nation du feu étaient liés – à vrai dire, personne n’avait eu conscience d’avoir accepté quoi que ce soit, c’était juste arrivé. Qu’il soit en train de leur donner une chasse effrénée ou qu’il leur implore de l’accepter parmi eux, ils finissaient toujours par se croiser. A force, Sokka avait pris pour acquis le fait que Zuko, après toutes les épreuves qu’il avait traversées – qu’ils avaient traversé ensemble – était plus ou moins indestructible.

C’était sûrement pour ça qu’ils l’avaient laissé partir si facilement contre Azula. Parce que cela paraissait normal, parce que c’était là qu’était sa place et parce que rien ne pouvait lui arriver, n’est-ce pas ? C’était Zuko. C’était celui qui n’avait jamais flanché, peu importait les blessures, peu importait tout le reste. Quoiqu’il puisse lui arriver, il se relèverait.

Avec le recul, Sokka se découvrait une envie amère de rire.

« Et nous avons cru une chose pareille ? »

C’était injuste. C’était injuste et tout le monde le savait et personne ne comprenait pourquoi cela était arrivé, pourquoi avait-il fallu que cet imbécile se fasse tuer par sa folle de sœur, pourquoi cette victoire leur laissait-elle un goût de cendres et de fumée ?

Personne ne comprenait et les quelques jours qui suivirent la victoire – le jour de la mort de Zuko, bordel, comme se montrer heureux en une occasion pareille ? – furent confus pour Sokka, comme si un brouillard avait été placé sur ses yeux pour n’être retiré que devant le corps pâle de celui qu’il avait considéré comme son frère, allongé sur ce bûcher de bois qu’Aang embrasa après avoir tenu un long discours sur la victoire, sur les sacrifices que la guerre leur imposait et qu’il fallait continuer, continuer quand même parce que le monde avait besoin d’eux et que même si c’était dur, Zuko n’aurait pas voulu qu’ils s’apitoient sur sa perte…

« Tu crois vraiment ce que tu dis, Aang ? »

Il avait retenu ses larmes. A quoi cela servait-il de pleurer au milieu de cette foule en deuil ? A quoi cela servait-il d’en rajouter ? Même Toph pleurait, à moitié effondrée dans les bras d’Iroh, qui la serrait fortement contre son vieux corps. Avec compassion, Sokka détourna la tête du vieil homme. Il paraissait si vieux, si faible, si écrasé par la douleur et le chagrin que c’en était douloureux de le regarder pleurer la mort de son second fils. Sokka avait détourné la tête et avait regardé le brasier consumer le corps de son ami, de son frère, une Katara secouée de sanglots serrée contre lui et une Suki essuyant quelques larmes à ses côtés.

Il avait croisé les yeux d’Aang et avait fermé les siens, dans une vaine tentative de se protéger. Voir la douleur de la perte combinée à celle de l’échec dans les yeux de l’Avatar était pire que de regarder le vieux général s’effondrer doucement, des sanglots violents secouant ses épaules.

« Tu t’en veux, Aang, c’est ça ? Tu t’en veux de ne pas avoir pu le sauver ? Mais tu sais, tu ne peux pas sauver le monde. »

Il regardait le brasier consumer ce qui restait du jeune Prince de la Nation du feu. Il regardait les flammes réduire en cendres son frère de cœur , celui qu’il avait longtemps considéré comme un ennemi avant de finir par l’accepter comme ami, puis comme membre de sa famille.

Cela lui rappela la mort de sa mère et cela le fit serrer Katara plus fort contre lui, le nez à moitié enfoui dans les cheveux bruns de sa sœur, luttant contre les larmes qui montaient lentement à ses yeux.

C’était injuste et tout le monde le savait. Et tout le monde pleurait, parce que personne ne comprenait. C’était injuste mais le feu s’en fichait, le soleil s’en fichait et pourquoi avait-il fallu qu’il meure cet imbécile, c’était injuste, c’était comme ça, il avait envie de pleurer et pourquoi Zuko, pourquoi maintenant, pourquoi sa mort venait-elle tout gâcher ? Et il voulait se mettre en colère, mais le feu n’en avait rien à faire et il continuait de brûler, cet homme qui lui manquait déjà, qui leur manquait à tous.

Il lui manquait, ce frère presque inconnu.

C’était pire de se dire qu’il en connaissait si peu sur lui. C’était pire de penser que le considérer comme un frère n’avait pas été assez pour vouloir mieux le connaître, pour tenter de comprendre la personne qu’avait été Zuko. C’était encore pire de penser qu’il avait de l’affection pour ce jeune homme qu’il connaissait si peu, au final – et qu’il lui avait cédé cette affection tellement facilement, qu’il avait été si facile de lui pardonner ses erreurs, comme si elles n’avaient eu aucune gravité. Comme s’il avait pu faire les mêmes.

Cela avait été si facile de pardonner Zuko… et cela rendait le chagrin encore plus lourd.

Katara fut la première à partir, dévorée par la culpabilité et le chagrin. Suki la soutenait, incapable de tenir plus longtemps – et puis, ce n’était pas comme si elle avait été si proche de Zuko, elle ne se sentait rien à faire là. Toph finit par quitter les bras d’Iroh et vint prendre Aang et Sokka par les mains, les éloignant du bûcher qui continuait de brûler avec une lenteur exagérée.

Leur place était ailleurs, désormais.

Dans ce nouveau monde, pour lequel leur ami s’était sacrifié. Dans ce nouveau monde dans lequel il n’était pas présent. Dans ce nouveau monde qu’ils devraient construire sans lui. Un monde sans Zuko. C’était difficile à concevoir mais il fallait bien le faire. Personne ne leur rendrait leur Zuko. Comme disait Aang, il fallait continuer.

Sokka inspira profondément et jeta un regard en arrière, gravant dans sa mémoire les flammes orangées qui finissaient d’emporter le maître du feu loin de ce monde, loin de ce qu’il leur faut construire. Il regarda le brasier qui brûlait ce qui restait du monde d’avant et dans la fumée blanche qui s’élevait, il lui semblait apercevoir le regard marqué mais apaisé de Zuko et soudain, il lui sembla que le soleil était plus brillant que d’habitude. Une prière muette se forma sur ses lèvres, un hommage qu’il n’avait pas pu rendre à son ami. A son frère.

« Que le soleil te garde en sa lumière, Zuko de la Nation du feu, et puisse cette lumière nous aider à construire le monde qui s’offre à nous. »

Serrant fort la main de Toph dans la sienne, Sokka se tourna vers l’avant et se mit à pleurer.

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